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impressions d'ukraine

 

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sommaire

là où l'histoire commence... (pour situer les personnages)    
mardi 07 juillet 10 : 30 départ de paris en car
15 : 54 suite du voyage
19 : 00 suite du voyage
mercredi 08 juillet 12 : 33 suite du voyage
16 : 30 départ de la gare de rzeszów (pologne)
21 : 00 la frontière pologne - ukraine
jeudi 09 juillet 3 : 00 du matin : arrivée à la gare de ternopil (ukraine)
samedi 11 juillet le monastère des sœurs d'oleg
dimanche 12 juillet le monastère des frères
la finale de la coupe du monde
lundi 13 juillet potchaèv, lieu de pèlerinage
piedkamine
mercredi 15 juillet

arrivée à lviv    

jeudi 16 juillet sœur serafima des j.m.j.
nos soirées

 

vendredi 17 juillet

visites de lviv   
dimanche 19 juillet zarvanetsia : lieu de pèlerinage  
je deviens chef d'appartement !
lundi 20 juillet dans les rues de ternopil
mardi 21 juillet 19 : 00 départ pour kiev
mercredi 22 juillet visites dans kiev      
l'ambiance à kiev
vendredi 24 juillet la galanterie ukrainienne
l'espoir ukrainien
lundi 27 juillet le dernier jour
mardi 28 juillet le retour
mercredi 29 juillet suite du retour

merci à tous !

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là où l’histoire commence… (pour situer les personnages)

                 l’histoire débute avec les journées mondiales de la jeunesse (j.m.j.) en france (1997). la mothe-saint-héray reçoit deux ukrainiens avant la semaine parisienne au champ de mars et à longchamp. nous décidons de les accueillir à la maison. àíäðié òèõîâëiñ (andrij tykhovlis) et îëåã iâàøêiâ (oleg iwashkiv), 19 et 22 ans, étudiants en théologie dans l’académie de lvov (l.t.a.) dans l’ouest de l’ukraine visitent la mothe et ses environs pendant quatre jours. puis ils participent à la suite des j.m.j. à paris où je les ai retrouvés pour la messe à longchamp.
andriy volodia et oleg

suite à cette rencontre, nous gardons des contacts épistolaires, puis internet vint révolutionner nos correspondances : je décide de partir chez eux, dans leur ville de ternopol (750000 habitants), située à l’ouest de l’ukraine (à environ 100 km de lvov). je ne savais pas grand chose de ces deux correspondants étudiants ni de leur famille, mais j’en savais assez pour me sentir attirée par leur pays. depuis bien longtemps j’avais envie d’aller voir de près des pays de l’est comme la pologne, la roumanie, la slovaquie… mais l’ukraine fut ma première opportunité !

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mardi 07 juillet

10 : 30 départ de paris en car

                me voici dans le car qui me conduit de paris à rzeszów (est de la pologne), en passant par lille, la hollande, l’allemagne, et enfin la pologne. ça fait beaucoup de frontières à passer, et surtout beaucoup d’heures à attendre (exactement 30 heures) ! mais tout va très bien, madame la marquise…

                nous approchons de lille et en fait, ça fait bien longtemps que j’ai l’impression d’avoir quitté la france. dans ce car, tout le monde parle polonais, et je dois être la seule à ne pas comprendre cette langue ! les deux conducteurs et l’hôtesse, tous trois polonais, comprennent vaguement le français mais ne le parlent pas. cela suppose que je devine ce qu’ils disent, que je leur redise ce que j’ai compris en français, et qu’ils acquiescent par « tak ! » ou refusent par « nie. ».

                je me demande s’ils prévoient de transporter des français sur leurs lignes de car ! aujourd’hui, pour moi, lille n’est plus en france puisqu’il n’y a plus de français. et puis les maisons n’étant pas du même style qu’à la mothe, je suppose donc que la france est déjà derrière moi.

               mon voisin de fauteuil est polonais mais parle un peu anglais. c’est facile de nous comparer : il n’a rien, et moi j’ai tout. je n’ose pas ouvrir mon sac de pique-nique en face de lui : il ne lui reste que quatre francs et trente-cinq centimes pour manger le temps du voyage ! moi j’ai quatre gros sandwichs et quatre petits, des gâteaux et des œufs. je lui ai proposé un bout de sandwich (il s’appelle martin, ce qui ce prononce « martchine »), mais il refuse tout, sous prétexte qu’il a mangé. passe pour cette fois, mais j’attends ce qu’il va m’inventer pour ce soir !

               tout étonné que j’aille jusqu’en ukraine, il m’a raconté ce qu’il savait sur ce pays où il n’avait jamais mis les pieds. les ukrainiens boivent souvent du thé ou du café, quelque fois de l’eau gazeuse salée, mais surtout jamais d’eau plate. ils apprécient particulièrement « something more strong » dit-il avec un air grave. j’ai compris que l’alcool ukrainien était plus fort que l’alcool polonais, mais que les beuveries y étaient surtout très répandues.

               voici son histoire en france : il était à un meeting à lille au sujet de l’europe, mais tenait à visiter, ne fut-ce qu’un seul jour, paris. quand il a demandé son billet de train pour paris, on lui a répondu qu’il n’y avait de la place qu’en tgv première classe ! ! ! ce qu’il a pris, et il a donc dormi sous la tour eiffel ! maintenant il dort, donc je n’ai plus de traduction de ce que disent les chauffeurs. mais j’ai compris « frantzousky » et « climatisatzia » !

                question bus, il n’y a rien à redire, c’est du première classe ! l’hôtesse nous sert le thé et le café pour quatre francs, on a de la place pour dormir, des toilettes et deux télévisions sont à notre disposition, il y a un semblant de velours partout et de la moquette par terre. je n’ai jamais vu un car aussi confortable ! j’ajoute que ce car est polonais.

                 devant moi, deux enfants parlent polonais avec leur mère, mais entre eux, parlent un français sans accent. ça m’impressionne et ça dégoûte mon voisin qui ne veut rien leur demander, question de fierté. ils ont l’air de préférer tout ce qui est français à tout ce qui est polonais.

                 je remarque que les polonais portent énormément la moustache !

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15 : 54 suite du voyage

                 tiens ! je ne comprends plus ce qui est écrit sur les pancartes. c’est de l’allemand mélangé à de l’anglais, et il y a des vaches dans tous les champs : nederland ! nous allons vers eindhoven puis hanovre.

19 : 00 suite du voyage

                 je me demande si nous sommes dans la bonne direction parce qu’ici, il fait très froid (15°c), il pleut une belle saucée, et les champs n’ont jamais été aussi verts en france. il y a des vaches, beaucoup de chevaux et d’oies dans les champs. j’ai même vu un faon dans un champ de blé ! et les panneaux disent : « ! nebel », ce qui veut dire, attention au brouillard.

                 des fermes, toutes du même style, s’étendent à perte de vue. les fenêtres, d’un blanc éclatant, tranchent avec les murs très foncés. ça fait vraiment inhabituel, mais c’est très joli.

                 par contre, dans le pays, on ne sait pas ce que c’est qu’une côte ou une colline. on ne peut pas trouver plus plat. c’est très irrigué. on va vers duisburg, et on en est à notre deuxième film traduit en polonais. l’anglais qu’il y a dessous est inaudible.

                 les péniches, les rivières, les fleuves, les lacs sont partout. c’est tout mouillé, quoi. leur taille mise à part, les usines ressemblent en tous points aux maisons. tout est en briques foncées, avec des croisées blanches. tout semble très ordonné, comme si ç’avait toujours été comme ça. quand il n’y a pas de moutons, les champs sont remplis de fleurs, de toutes sortes.

                 mon voisin n’arrête pas de dormir. c’est moi qui ai la meilleur place pour dormir, mais il ne veut pas changer.

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mercredi 08 juillet

12 : 33 suite du voyage

                 nous sommes à cracovie, j’arrive à rzeszów dans deux heures.

                 en deux mots, je n’ai dormi qu’une heure et j’ai été malade environ trois heures dans le car. incapable de tenir debout dehors ! je me suis sérieusement demandée si je n’allais pas m’arrêter un jour ou deux à rzeszów, histoire de me requinquer ! maintenant c’est fini, c’est même la grande forme et je suis pressée d’arriver.

                 le car se vide peu à peu. je suis la seule à aller en ukraine : tout le monde connaît mon histoire dans le car parce que je demande des traductions et de l’aide pour me diriger dans rzeszów. une dame polonaise devant moi, qui parle très bien le français, m’a proposé de m’accompagner jusqu’à la porte de la gare de rzeszów ! ! ! j’ai évidemment accepté.

                 je possède avec moi également beaucoup de recommandations polonaises pour voyager en train : même si le train est plein, il est possible de prendre un billet. et surtout, ne pas dormir pour surveiller ses bagages, même s’il n’y a qu’une seule personne dans le wagon. j’ai sur un papier toutes les phrases polonaises dont j’ai besoin pour demander mon billet à la gare !

                 évidemment, tout est très très très très différent ici.

                 les forêts polonaises s’étendent à perte de vue, les polonais n’élargissent pas les routes pour respecter leurs arbres –dixit mon voisin- (ils tiennent ça d’idefix). les poteaux téléphoniques sont systématiquement dans les champs même s’ils suivent autant les routes qu’en france. c’est très rigolo, ça oblige les agriculteurs à tourner autour ! idem pour les panneaux publicitaires : on en voit rarement plus d’un par champ, lisible de la route. les champs de maïs donnent ainsi une dimension aux panneaux qu’on ne trouve pas en france. on trouve même des panneaux un peu comme en france : ‘géant casino’ avec l’accent sur le ‘é’ (j’insiste).

                  les gares sont souvent colorées et imposantes.

                  dans un champ de taille française (légèrement plus petit que ceux autour de la maison à la mothe), on peut trouver une dizaine de bandes de céréales différentes sans séparation. ça donne une couleur différente à chaque bande. s’il ne pleuvait pas (13°c), il y aurait de très belles photos à prendre surtout quand c’est vallonné.

                  les polonais possèdent aussi un type de voiture très répandu que je n’avais encore jamais vu : ce sont de toutes petites voitures ! des miniatures ! les familles s’entassent là dedans. inutile de vous dire que notre bus polonais dépasse tout ce beau monde, tout compris (camions, autres bus…). il faut aussi connaître une règle périlleuse mais très respectée dans leur code de la route : on s’écrase devant celui qui dépasse :

                  et à chaque fois que ce code est respecté on se fait un signe amical. on a l’impression que nos chauffeurs connaissent tout le monde. inutile de vous dire que ça demande une habitude et une vigilance tout à fait particulière…

                  le match brésil-hollande de la coupe du monde a eu lieu quand nous traversions la hollande. il n’y avait personne sur les routes à ce moment là ! les radios du cars sont maintenant toutes branchées sur la france, mais jamais en français. j’entends « tivitsia », « frantsousky », « croavitsy », « finalé… ».

                  bientôt rzeszów, il faut que je me prépare car il faut que je trouve la gare, que je sorte de l’argent polonais d’un distributeur automatique, que j’achète mon billet pour ternopil (ma destination finale en ukraine, où m’attendront andriy et oleg). et tout cela en une heure, sinon le train part sans moi !

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16 : 30 départ de la gare de rzeszów (pologne)

                  ma chère maman, je voudrais comprendre ce qui m’arrive ! ! !

                  en fait, ici, à la gare de rzeszów, personne ne parle ni l’allemand, ni l’anglais, ni le français… ce qui complique légèrement les choses pour moi. en tout, j’ai dû interroger plus de vingt personnes à la gare ! une seule a pu me dire en allemand que c’était trop tard pour acheter les billets, et que la meilleure chose à faire, donc, c’était de voir avec le contrôleur…

                  je décide donc arbitrairement de sortir l’équivalent de 200 f français, ce qui fait 100 zloty, pour un voyage en train qui dure plus de huit heures pour un parcours d’environ trois cent kilomètres, avec la frontière à traverser. aurai-je assez ? sinon, j’ai des dollars sur moi, mais seront-ils acceptés ?

                   sous la pluie, j’ai donc attendu le train. les haut-parleurs annoncèrent du retard (j’ai compris qu’il ne fallait jamais emporter une montre à chiffre sur soi en voyage, car les aiguilles sont un langage facilement reproductible avec des gestes, et chacun a pu me traduire que le train aurait une demi-heure de retard). j’ai voulu en profiter pour aller sortir plus d’argent car je m’inquiétais de plus en plus, mais un polonais m’a fait signe qu’il ne fallait pas que je quitte le quai. il avait raison, le bougre ! le train est arrivé seulement dix minutes en retard. je l’aurais loupé !

                   étant en retard, le train ne s’est arrêté que dix secondes ! j’ai vu les gens courir vers leur wagon et monter précipitamment. moi, il fallait que je trouve le contrôleur. où ? je suis donc montée dans le wagon qui se trouvait en face de moi, mais me suis heurtée à un contrôleur. visiblement, il ne tenait pas à me laisser monter. il me dit quelques mots que je n’ai pas compris. que conclure ? j’étais désespérée. j’ai dit « ternopil » avec l’accent le plus ukrainien que je connaissais. il m’a alors pris par le bras, a pris mon sac en même temps (il était costaud) et m’a hissé dans le wagon. il hurlait « tak, tak  ! ». le train était déjà parti.

                   vers où allais-je ? et pour combien d’argent ?

                   le wagon était fait de compartiments. je me suis aperçue que tous les gens sortaient pour voir se qui se passait. le contrôleur est revenu vers moi et m’a apporté une serviette, deux petits savons que j’ai d’abord pris pour du fromage, et un semblant de croissant. j’étais de plus en plus ahurie. puis il m’a traînée vers un compartiment encore vide. là, j’ai essayé de faire le point. s’il me fallait un jour remonter dans ce train, peut-être en serais-je incapable ! mais plus que tout, se posait la question de l’argent : en effet, le compartiment dans lequel je me trouvais était largement au-dessus de tout ce que j’avais pu voir dans le deuxième classe français !

                  voulant comprendre, je suis sortie de la cabine. je ne me suis jamais sentie plus regardée. je dois avoir l’air de tout sauf d’une ukrainienne passe-partout. je me suis dit qu’il fallait qu’ils s’habituent, donc je suis restée collée à la fenêtre du couloir attenant à mon compartiment, surveillant du coin de l’œil mes affaires.

                  enfin, le contrôleur est revenu, et m’a tendu une calculette sur laquelle il y avait « 86.5 ». alors, avec un soudain espoir, j’ai sorti mon billet de 100 zt, ce qui a paru complètement le satisfaire. il l’a empoché et a disparu. aussitôt après il est revenu avec un billet de 10 zt et une pièce de 5 zt. question calcul, ils ont des progrès à faire, dans le pays… mais je n’ai pas à m’en plaindre. je note donc que 85 zloty = 170 francs.

                  maintenant il pleut tout le temps et il fait toujours de plus en plus froid. une polonaise m’a dit que ce froid était inhabituel pour la saison. j’espère que je vais bien vers ternopil !

                  le bruit que le train fait est assez impressionnant. sa façon de freiner aussi, d’ailleurs, on est comme projeté en avant. nous arrivons à la frontière pologne – ukraine. enfin ! je vais voir du pays ukrainien ! les polonais me disent que le coin s’appelle quelque chose comme « grèchè ». en face, on peut voir de loin la première église orthodoxe avec ses cinq dômes.

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21 : 00 la frontière pologne - ukraine

                  à défaut de savoir ce qui s’est passé avant, je sais ce qui se passe maintenant ! ça vaut l’explication d’ailleurs : c’est qu’il ne faut surtout pas être pressé de rentrer en ukraine.

                  d’abord, j’avais complètement oublié que les rails européens n’ont pas le même écartement que les rails russes ! et l’ukraine qui était en u.r.s.s. avant ces six dernières années n’échappe pas à la règle. donc, laissant les voyageurs dans leurs compartiments, une artillerie d’ouvriers installe des crics énormes tout le long du train, et la manœuvre consiste à soulever le train. ensuite je suppose qu’ils modifient l’écartement des roues de chaque wagon, puis ils reposent le train. c’est là que commencent les opérations les plus brutales : sans prévenir, ils font faire au train des allées et venues, ce qui secoue beaucoup et peut être très dangereux pour les pauvres voyageurs restés à l’intérieur qui doivent se tenir fermement pour ne pas se retrouver avec des bosses partout, ou tout simplement assommés.

                   ensuite, étant à la frontière, il faut procéder à la vérification des passeports. va t-on me fouiller ? ça m’embêterait vraiment, car mon sac est tellement compact qu’il me faudrait plusieurs heures pour le refaire ! les douaniers ont vaguement regardé les passeports polonais, mais ils sont partis avec le mien je ne sais où ! puis le train est reparti tout doucement. enfin on s’arrête de nouveau, et on attend. pour passer le temps, je discute avec les polonais des compartiments voisins. un vieux monsieur et sa femme parlent un peu l’allemand. lui a fait la guerre en allemagne et est ravi de se rappeler tout cela avec moi ! il s’est mis à critiquer les russes, ce qui a fait sursauter sa femme de frayeur. elle s’est écriée en allemand : « moins fort ! ».

                   il y a aussi une ukrainienne qui parle un peu anglais. je lui donnais un an de moins que moi, mais elle en a six de plus et elle est mariée ! je crois l’avoir blessée en refusant un café ou un thé que le contrôleur se propose de nous faire moyennant quelques zloty. mais elle m’a bien aidée par la suite. c’est que tout le monde veut faire quelque chose pour moi !

                  si nous sommes en rade devant les bureaux de la douane, c’est seulement à cause de mon visa, et cela, tout le monde dans le train le sait. alors les voyageurs viennent discuter avec moi, et se font une joie de me traduire ce que les officiers ukrainiens me demandent. c’est que les officiers font plusieurs allées et retours pour moi simplement pour me demander de prononcer mon nom. eux ensuite, tentent de l’écrire en cyrillique. ils ne sont pas tous d’accord, car ces sons n’existent pas en ukrainien. les polonais rient et se moquent des douaniers par derrière : pour eux, ces policiers « jouent ».

                  on m’a demandé de remplir un papier contenant toute une page de questions posées en russe ! j’ai reconnu le formulaire où l’on doit déclarer tout ce que l’on a sur soit. jean-pierre griffault avait eu de la chance, lui, de l’avoir en anglais ! encore, les polonais m’ont aidé. je ne suis pas sûre d’avoir répondu aux questions, mais les polonais, eux, avaient l’air content de ce que j’avais écrit selon leurs indications, moitié en anglais, moitié en allemand (j’aurais dû tout écrire en français !). une dame militaire des douanes est venu déchiffrer ce papier, m’a posé d’autres questions auxquelles je n’ai pu répondre mais cela lui importait peu. j’ai cru qu’elle allait me demander d’ouvrir mon sac, mais un bref coup d’œil sur l’extérieur lui a suffit. ils ne fouillent entièrement qu’un voyageur par wagon, et ce n’est pas tombé sur moi.

                  quand enfin, les ukrainiens m’ont rapporté passeport et visa, on avait encore changé de place en train. l’opération a peut-être duré deux heures ! le train est aussitôt reparti, et tous les polonais ont fait l’assaut de mon visa pour le lire ! rires… ils m’ont expliqué que le visa était rédigé en russe et non en ukrainien, et que tout était au nom de « l’u.r.s.s. » ! ! ! ils s’amusaient à lire et relire mon visa en russe et riaient de leur accent.

                   laissez-moi vous décrire mon compartiment ! j’y suis toujours seule, car je suis la seule à m’arrêter à ternopil, et que le contrôleur viendra me réveiller vers trois heures du matin. j’ai donc un lavabo pour moi, un grand miroir éclairé, une penderie avec portes manteaux, et pas de draps, mais trois couettes car les compartiments sont prévus pour trois voyageurs ! je peux dormir tranquille car il y a deux loquets à la porte. c’est que je ne peux plus dormir, tellement c’est chouette ! je me suis confectionné le meilleur lit chaud que je n’ai jamais eu, ayant passé ma dernière nuit en car, et puisqu’il faisait décidément froid, dans le pays. ah ça, je n’oublierai pas les wagons couchettes polonais ! au retour, j’essaierai de prendre des places assises, moins chères, qu’on appelle « wagons ukrainiens » !

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jeudi 09 juillet

3 : 00 du matin : arrivée à la gare de ternopil (ukraine)

                   le conducteur me réveille vingt minutes avant mon arrivée à ternopil. enfin, j’arrive bientôt ! j’espère que le train n’aura pas trop de retard, car je ne veux pas faire attendre longtemps ceux qui se sont levés pour moi ! le conducteur me remet mes billets (il serait temps !) et me dit au revoir (en ukrainien). le train n’arrive qu’avec quinze minutes de retard.

                   je suis à peine descendue sur le quai qu’andriy me fait signe avec son parapluie. il me fait la bise, comme le font les jeunes français entre eux, ce qui avait beaucoup amusé les ukrainiens quand il étaient en france. oleg arrive en courant peu après suivi d’un monsieur : andriy me présente son père, avocat. je suis toute confuse qu’il se soit levé à une heure pareille pour m’attendre, et m’empresse de lui dire en anglais. mais il rit en faisant des gestes : il ne comprends pas l’anglais. andriy lui traduit, il rit encore en voulant dire qu’il n’y avait pas de souci à se faire !

                  andriy m’explique que je vais partir avec oleg dans le monastère où sont les sœurs d’oleg. il se trouve dans un petit village à cinq kilomètres de ternopil, mais nous irons en voiture. une quatrième personne m’attendait : le chauffeur de la voiture qui met son véhicule au service des sœurs qui ne conduisent pas. andriy et son père me quittent aussitôt.

                  il pleut très fort, et la route est une mare, plutôt une rivière. en voiture, nous n’avançons pas vite, mais les roues projettent l’eau à plus de deux mètres au-dessus du sol. ça m’impressionne, mais le conducteur semble habitué, il ne ralentit pas.

                 oleg, son frère et moi allons habiter une maison attenante au monastère des sœurs.

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samedi 11 juillet

le monastère des sœurs d’oleg

                 c’est mon troisième jour au monastère des sœurs d’oleg. ces sœurs ont pour mission, entre autre, l’accueil. en ce qui me concerne, elles me consacrent beaucoup de temps, d’attention et d’affection. elles sont adorables ! dans les monastères français, peut-être que les sœurs ont moins de temps pour elles. ces sœurs ukrainiennes s’occupent de nos repas, et il n’est pas question que je fasse quoi que ce soit. j’ai tenté une fois de débarrasser la table, mais elles ne m’en ont pas laissé le temps. si je recommence, disent-elles, elles me font quitter le monastère !

                 leurs plats sont bons, mais les épices et parfums qu’elles mettent dedans me sont complètement inhabituels, et me donnent la nausée… je m’efforce de tout manger, mais voyant les faibles quantités que j’avale, elles se doutent bien de quelque chose. c’est vrai que j’ai souvent faim, mais je ne peux rien manger ! en fait je suis stressée par tout cet environnement inhabituel et j’ai du mal à avaler quoi que ce soit. il me faut trouver le juste milieu entre manger le plus de choses possibles et ne pas vomir devant tout le monde !

                 il fait toujours très froid, et je manque de pulls ! les sœurs m’en prêtent, j’en ai quatre les uns par dessus les autres quand je sors, alors que les ukrainiens n’en portent que deux. je savais que j’étais plus frileuse que la majorité des français. pas seulement des français ! les sœurs me disent que ce temps froid en juillet est vraiment inhabituel…

                 les sœurs veulent mettre leur système de chauffage en marche pour ma chambre ! j’ai insisté pour qu’elles ne le fassent pas en plein mois de juillet ! heureusement pour moi, elles n’ont pas réussi à mettre leur système en route, et le temps a changé du jour au lendemain !

                 c’est peut-être le dernier jour que je suis au monastère car je crois qu’andriy a insisté pour que je vienne chez lui, à ternopil. il voudrait que je connaisse la ville. ça m’embête vis à vis des sœurs qui croient que je ne suis pas bien avec elles. et pourtant ici, c’est l’hôtel quatre étoiles ! douches, toilettes, quatre lits, pleins de couvertures, c’est très grand…

                 je vais leur faire goûter la confiture de rhubarbe. elles en ont elles aussi, et elles la font pousser dans leur grand jardin. plus tard, j’apprendrai que les ukrainiens achètent très peu de légumes ou de fruits au marché, et qu’ils possèdent en conséquence tous un petit champ pour faire pousser leurs propres légumes. ainsi, le père d’andriy ne fait pas exception à la règle, et en tant qu’avocat plante lui-même ses tomates, salades, concombres et autres légumes, selon l’habitude.

                 hier soir vendredi, nous étions invités, avec oleg, chez la famille d’andriy. son père est hyper cool, sa mère est très gentille, son frère est très sympa. on a passé une soirée formidable où on a pu beaucoup échanger. là, au moins, la nourriture était à mon goût ! ! ! elle n’avait pas d’anis, ce qui arrangeait beaucoup les plats pour moi. en fait, les sœurs essayaient certainement de me préparer des petits plats inhabituels et elles croyaient me faire plaisir en cuisinant avec beaucoup de parfums !

                  nous avons bien sympathisé, à la fin la famille d’andriy ne voulait plus me laisser partir. seul oleg, le roi du retard, regardait sa montre en disant qu’il était temps de rentrer au monastère. c’est peut-être à la suite de cette soirée qu’est née l’idée de m’inviter chez eux, car c’est vraiment très petit. deux petites pièces de plus seulement que mon studio à poitiers ! je ne vois pas trop où je vais dormir. mais ils ont compris que je n’étais pas quelqu’un d’officiel, et que je pouvais dormir ailleurs qu’à l’hôtel. cela dit, le repas était somptueux ! et on a beaucoup ri. monsieur tyrhovlis est très très fier que je comprenne son allemand , car ni sa femme, ni ses enfants ne sachant le parler, ils ne croyaient pas vraiment à ses capacités. il est très rigolo. il aime la chasse, les militaires (armée) et les produits made in ukraine, mais il a une façon de présenter ça qui fait rire tout le monde. par exemple, il ne dit pas qu’il aime la chasse, il dit qu’il va souvent chasser, mais qu’il n’a tué dans sa vie qu’un seul canard ! il disait cela car je lui racontais que si vivien apprenait que je l’avais accompagné pour tuer un animal, vivien serait furieux. il m’a donc rassuré à ce sujet. sa maman est très coquette, mais j’avais oublié son cadeau au monastère ! et je crois que je ne la reverrai plus… je lui laisserai quelque chose à son retour, car elle part à odessa chez ses amis avec le frère d’andriy, sur la mer noire.

                    oleg a été étonné que je ne sache pas reconnaître les italiens parmi les ukrainiens, sur une photo. c’est que je ne savais pas qu’il y avait des différences ! maintenant je fais donc tout mon possible pour différencier les ukrainiens des français, mais je trouve rien de très rigoureux (à part les vêtements). leur peau est en général plus basanée, leur nez plus long que les nôtres, peut-être que certains sont plus blonds que nous, mais quand je vois oleg qui est très brun… le nez est peut-être le plus fort critère. mais il y a toute sorte de nez ! comment distinguer le petit nez ukrainien d’un long nez français ? disons que le leur plonge, et que le nôtre est relevé.

                    j’y ai beaucoup réfléchi, à table, chez andriy ! ! !

                    j’ai oublié ma flûte à bec en france. ils auraient voulu que je leur joue quelque chose. et il aurait fallu que j’apprenne le pater noster, avant de partir, car ils auraient été fiers de réciter la même prière que moi !

                    le temps est toujours aussi infect (10°c). le père d’andriy m’a certifié qu’il n’avais jamais vu cela à cette période de l’année.

                    cette nuit, (je n’ai pas compris pourquoi spécialement cette nuit), nous allons visiter un monastère près de ternopil.

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dimanche 12 juillet

le monastère des frères

                    c’était super, le monastère des frères ! un des frères, responsable de l’accueil, est un ancien professeur d’andriy et d’oleg dans leur académie. ça faisait deux ans qu’ils ne s’étaient pas revus, et ils étaient visiblement tout heureux de se retrouver. nous avons été accueillis en rois, et en cachette, pour que nous puissions rester plus longtemps. arrivés au monastère à une heure du matin, nous y sommes restés quatorze heures. j’ai appris que ces frères dorment peu (jamais beaucoup plus que deux heures par nuit !). cette nuit était spéciale, ils organisaient une prière en l’honneur de saint pierre et saint paul et invitaient tous les intéressés à y prendre part.

                    ce frère était très marrant, andriy l’aime beaucoup, et j’ai compris que c’était réciproque. il nous a enfermé dans la salle d’accueil sur de longs divans pour que nous puissions dormir quelques heures. mais nous avons suivi la prière de la nuit avec eux dans leur très belle petite chapelle pendant cinq heures d’affilée sans pause. une heure de liberté nous était accordée ensuite avant le début de la célébration de la messe, le dimanche matin. après cela, nous étions littéralement à bout de fatigue, mais très contents !

                    le frère nous a invités à prendre le petit déjeuner avec eux : choux, poulet, pommes de terre, thé et café, soupe aux choux. j’ai eu beaucoup de mal à manger, n’ayant pas dormi. oleg a demandé de l’eau plate. très surpris, le frère n’a pas fait de manière, il a été plutôt impressionné, et est allé chercher l’eau. quand il a compris que l’eau était pour moi, il a dit : « si tout mes hôtes étaient comme vous, j’aurais moins de travail ! ». c’est le seul ukrainien qui ait accepté de me donner de l’eau aussi facilement. car l’eau est considérée comme une boisson impropre, et c’est très impoli que d’en proposer à un invité !

                    puis il m’a apporté quelques cadeaux du monastère : une icône, un grand chapelet fabriqué par les frères (ils le portent enroulé autours du poignet peut-être parce que c’est chaud), une médaille en bois soutenue par un cordon de cuir et le journal de la communauté, à lire absolument (en ukrainien !). andriy l’applaudissait.

                    laissez moi vous raconter une anecdote de la messe du dimanche. c’était la première fois que j’assistais à une célébration de messe un dimanche. je découvrais donc en quelque sorte les différents rites, quoique je ne comprenne rien aux paroles. ni andriy, ni oleg ne se trouvaient à coté de moi pour m’expliquer ce qui se passait.

                    si bien qu’après la communion, quand le prêtre a proposé aux fidèles un deuxième pain, je suis restée interdite : qu’est-ce que cela pouvait bien être ? après avoir pris ce pain, les fidèles baisaient la manche droite du prêtre. tout ça m’a bien intimidé, et je n’ai pas osé y aller. mais la messe terminée, en sortant, une dame m’a rattrapée et m’a tendu son pain qu’elle avait gardé pour moi ! j’étais très touchée, je ne savais toujours pas ce que c’était, mais je l’ai mangé. puis je suis retournée voir andriy et oleg qui visiblement m’attendaient. andriy m’a alors tendu le pain qu’il avait reçu car il avait vu que je n’y étais pas allée. il m’a expliqué que c’était un symbole de partage dans la communauté présente… mais je lui ai laissé puisque j’en avais déjà reçu !

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la finale de la coupe du monde

                    et, me direz-vous, la coupe du monde, dans tout ça ? ce soir c’est la finale. andriy m’a certifié que nous regarderons la finale ensemble à la télévision chez lui. mais… on est un peu fatigué de notre dernière nuit de prières !

                    « on a gagné ! ». c’est la phrase qu’ont appris les polonais qui m’accompagnaient dans le car à paris. ils la chantaient partout. je l’ai apprise à andriy ce soir !

                    pour l’occasion, j’ai eu droit à encore plus d’égards que d’habitude : j’étais allongée sur le divan du salon (je prenais toute la place) avec une couverture sur moi, et des tas d’oreillers sous moi. c’est le lit provisoire du père d’andriy pendant que je suis accueillie chez eux, donc je l’empêche de dormir, car il n’aime pas le foot. mais jamais il n’aurait l’idée de m’empêcher de voir une finale de coupe du monde qui se passe en france et à laquelle participent les français ! il espérait bien, avec andriy, que les français allaient gagner. ils avaient mis à ma disposition tout une panoplie de petits gâteaux et de bonbons de lviv, le tout posé sur un guéridon à la portée de mon bras. eux étaient assis sur des chaises, ce qui me faisait rire, mais ils trouvaient ça normal. j’ai pu leur montrer jacques chirac et lionel jospin (ils connaissaient déjà les joueurs). dans tout leur commentaire ukrainien, je ne comprenais que les noms des personnes, noms prononcés avec un accent qui m’amusait !

                   jacques chirac avait à peine fini de serrer les mains à la fin que nous étions déjà au lit, fatigués par la nuit de prières que nous avions eue la veille. je vous promets que je n’ai pas pensé une minute à la finale pendant les prières ! ce n’est donc pas à cause de cela que nous avons gagné ! (je dis cela car c’est andriy qui m’en a fait la remarque : il était impressionné que j’aie pu assister aux prières jusqu’au bout et s’expliquait assez bien le phénomène avec le résultat de la coupe du monde !).

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lundi 13 juillet

potchaèv, lieu de pèlerinage

                   aujourd’hui, un frère d’oleg, oleg et une sœur du monastère où j’étais accueillie quelques jours auparavant nous conduisent en voiture visiter différents monastères situés entre ternopil et lviv. un lieu de pèlerinage avec de magnifiques églises d’abord : potchaèv. les mendiants s’y ramassent à la pelle.

                  après avoir visiter les restes d’un vieux château en ruines, nous rentrons dans ce lieu saint. pour respecter les anciennes traditions, il me faut porter une jupe qu’on me prête et que j’enfile par dessus mon pantalon et un fichu (qu’ils appellent « rhoustena »). si andriy m’avait prévenue, j’aurai préféré porter ma propre jupe sans pantalon !).

                  la grande église est très belle et renferme de nombreuses reliques miraculeuses. la crypte est particulière : elle possède de nombreuses fenêtres qui donnent sur le dehors, car l’église est construite sur une montagne très abrupte. cette église est visible de très loin.

                  une peinture a retenu mon attention : jésus, seul sur cette peinture, a des yeux très remarquables. où que l’on soit dans la crypte, on a l’impression qu’il nous regarde. andriy m’a dit que cette peinture est très connue.

                  de nombreux autres effets spéciaux que je n’ai pas vraiment mis en évidence se trouvent dans cette crypte.

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piedkamine

                  de l’église, qui est un superbe promontoire, andriy me montre le lieu où nous allons : un autre monastère, piedkamine. les deux frères qui y habitent nous invitent à dîner, et nous partons visiter les alentours : ce sont des grottes d’ermites, et un paysage superbe que nous découvrons.

mercredi 15 juillet

arrivée à lviv

                 je suis à lviv !

                 nous habitons dans un petit studio de deux nièces d’oleg (des sœurs jumelles) qui sont absentes pour le moment. c’est le père d’oleg qui a tout aménagé ici : les peintures murales, le bois des murs, la table, les chaises… c’est tout plein de coquetterie dans des espaces qui contiennent bien peu de confort (la salle de bain, notamment est très rudimentaire).

                 les ukrainiens ne peuvent vivre que de débrouillardises, d’entraide mutuelle, puisqu’ils ne reçoivent que rarement leur salaire. les possibilités et les bras de chacun se vendent et se revendent à bas prix. cela, les européens occidentaux ne le comprennent pas, car ils ne le croient pas.

                  voilà une semaine que je suis arrivée en ukraine. je connais mieux andriy et oleg maintenant, et j’ai pu constaté combien ils étaient différents, ce qui est très bien pour moi, car je suis sans arrêt avec eux. ils se complètent. oleg est appelé « le saint » par andriy, tandis qu’oleg réprouve certaines habitudes d’andriy, notamment celle d’écouter un walkman quand il est dans la rue, ou souvent dans la journée. ce sont de très mauvaises manières d’étudier la théologie, toujours selon oleg. mais ils s’entendent très bien malgré leurs différences.

                   mais j’ai eu mon premier incident dans le train pour aller à lviv avec andriy. il m’avait prévenu : « tu verras, tu seras surprise par le voyage ». c’est vrai, j’ai ma dose de surprises. ce n’est pas un train, ce sont des wagons à gens. on n’y tasse pas des bestiaux on y entasse des gens. et on passe quatre heures pour un trajet qui pourrait durer une demi heure en france.

                    il y a toute sorte de gens, dans le train. d’abord, andriy m’a présenté une de ses amies de l’arche qui connaît personnellement jean vanier. elle parlait très bien français et nous avons bien sympathisé. elle partait en france quelques semaines plus tard et revenait dans sa famille avant de partir.

                    ensuite, la dame à côté de qui nous étions assis était témoin de jéhovah. elle n’a pas insisté vis à vis de moi car elle a bien vu que je ne comprenais pas ses brochures. mais elle a longuement parlé avec oleg qui visiblement acquiesçait dans tout ce qu’elle disait, mais n’en avait rien à faire. il s’est retrouvé avec une pile de journaux sur les bras !

                    c’est là que commence l’incident. un monsieur s’installe derrière andriy et moi. nous parlions anglais entre nous, et oleg remarque que ce monsieur tendait fortement l’oreille vers nous. j’ai suggéré à andriy, tout bas de parler français. grave erreur ! ce monsieur parlait un français sans accent, tout en n’étant pas français. il était tout content de pouvoir parler avec une française. monsieur était de la haute aristocratie. c’est de là qu’est parti le problème.

                    j’étais française, donc pour lui, j’étais déjà quelqu’un de très bien. par contre, en ce qui concerne les deux jeunes hommes qui m’accompagnaient… l’un était habillé de façon trop correcte et portait une pile de journaux des témoins de jéhovah et quant à l’autre, c’était un garçon des rues avec casquette, walkman aux oreilles, blouson de cuir…

                    pour ce monsieur, c’était du « tout jugé ».

                    après m’avoir prévenu contre cette secte de témoin de jéhovah, nous avons parlé de paris, lviv, ternopil, des ukrainiens, des français… pour moi, c’était franchement intéressant. cependant, ça commençait à devenir pénible, puisque nous avons parlé environ deux heures sans nous arrêter. lui était au paradis. pour andriy qui ne comprenait pas, c’était beaucoup trop long pour quelqu’un que je ne connaissais pas. il s’est donc fait un devoir de rentrer dans la conversation. le monsieur a d’abord trouvé indécent de parler ukrainien, donc il me demandait de traduire en anglais pour andriy. c’était un peu trop me demander comme nous parlions de la façon des plus grands dignitaires de france. de plus, il comprenait très bien l’anglais, donc jugeait très bien ce que je disais.

                     là, andriy m’a beaucoup étonné, il s’est subitement mis à comprendre le français (il a étudié le latin), et a su placer habilement dans la conversation toutes les phrases que je lui avais apprises : « c’est la vie », « c’est dommage », « oui, je comprends »… le monsieur a alors changé d’opinion vis-à-vis d’andriy et a daigné lui parler un peu ukrainien. puis reprenant le français, il lui a fait comprendre qu’il avait devant lui une française, et qu’andriy devait le laisser parler avec cette française. ce qu’andriy a parfaitement compris sans traduction.

                     nous avons donc repris la conversation, mais cette fois sur les jeunes ukrainiens, sur l’avenir de l’ukraine. tant qu’andriy ne comprenait pas, j’étais soulagée. mais il a fini par comprendre, et furieux, a voulu s’expliquer : 10 minutes d’engueulades et de non compréhension entre monsieur et lui ! oleg ne nous connaissait plus. monsieur avait l’avantage puisqu’il pouvait stopper la conversation à tout moment en parlant français, ce qui ne démontait pas pour autant andriy. puis monsieur s’est repris et n’a plus daigné adresser la parole à andriy, et réciproquement. il m’a expliqué qu’il avait conseillé à andriy de prendre modèle sur les français, un modèle d’identité, de stabilité… et andriy lui avait suggéré aimablement de s’installer en france !

                     j’étais bien ennuyée… et nous arrivions à lviv. j’ai quitté ce monsieur en très bons termes. une fois sur le quai, il s’est retourné à 50 mètres de moi (100 voyageurs entre nous) et a crié : «  claire ! au revoir ! » en faisant de grands signes. j’ai répondu « au revoir », mais andriy était outré.

                     j’ai posé un pied en dehors de la gare de lviv, andriy ne me parlait plus. je n’étais pas fière. les explications sur la ville furent bien courtes, ou bien dites avec dédain (« comme te l’a dit ce mec, pardon ! ce monsieur… »).

                     comme j’étais en forme car j’avais pu enfin parler français après plus d’une semaine d’anglais et de langues inconnues, j’avais de l’imagination. j’ai donc commencé par payer moi-même notre pain avec un billet que ne connaissait pas la boulangère qui, après l’avoir tourné dans tous les sens, a fini par l’accepter. enfin j’ai raconté des histoires sur les monastères français (j’ai expliqué la tactique des moines qui parlent en marchant), et j’ai joué au clown en pantalon en chaussant des chaussures à haut talons et pieds fins. la guerre était finie entre nous, nous avons bien ri.

                     il faut que je vienne à lviv pour voir des maoris de nouvelle-zélande ! ils étaient en grand spectacle dans les rues de lviv le soir de mon arrivée. j’ai reconnu une chanson de marie, la néo-zélandaise que nous avons accueillie un an à la mothe, avec les gestes. mais c’était du traditionnel bien renouvelé. les habits étaient réels, ce qui faisait rire tout le monde, et ce qui attirait beaucoup les regards…

                    pour ce que j’ai vu de la ville, pour l’instant, de celle qu’on nomme « le petit paris », voici ce que j’en retiens : je préfère lviv à paris pour son espace, pour ses couleurs. à paris, les éclairages découvrent souvent des murs noirs. ici, il y a peu de lampes, (elles sont éteintes), mais les couleurs des maisons sont chaleureuses, et les rues sont agréables pour leur espace pour piétons.

sur les bancs, il y a des jeux de cartes, des jeux d’échec, des dominos… les passants sont invités à prendre part aux jeux.

                    les plus grands hôtels n’ont pas la « gueule » de ceux de paris. paris montre ses carrés miroitants et lviv ses rues chaleureuses.

                   andriy et oleg connaissent bien la ville. ils me citent tous les noms avec leurs dates, leur histoire. selon eux, lviv est impossible à visiter en trois jours. ils m’ont dit qu’ils m’y emmèneraient une seconde fois.

                   je profite de lviv pour acheter des cartes postales, car à ternopil, je n’ai trouvé qu’un modèle dans toute la ville ! mais ici encore, le choix n’est pas grand. ils proposent une gamme de dix cartes, que l’on retrouve partout, et on ne peut trouver plus. andriy m’a demandé pourquoi je voulais des cartes postales : apparemment les ukrainiens n’en achètent jamais.

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jeudi 16 juillet

sœur serafima des j.m.j.

                   le hasard a voulu que je rencontre la seule personne que je connaisse à lviv : nous avions chacune rendez-vous avec quelqu’un au même endroit, à la même heure, et ces personnes ne sont pas venues. j’ai donc revu sœur serafima (c’est sous ce nom que je la connais) qui a quitté sa congrégation.

                   elle a dû reconnaître andriy, est venue, et puis m’a reconnue. moi, il m’a fallu du temps. mais comme elle semblait me connaître, j’ai cherché et j’en ai déduit que c’était elle. elle est complètement changée sans son habit de religieuse du temps des j.m.j. !

                   n’étant pas parvenue à la joindre, elle ne savait pas que j’étais en ukraine ! surprise ! ça m’a fait plaisir.

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nos soirées

                   ce soir, nous sommes tous les trois absolument crevés. c’est à peine si nous arrivions à nous supporter. lviv un jour, ça me suffit ! dans ces cas, là, un de nous trois passe professeur et les autres apprennent des rudiments de la langue du professeur ou des chants du pays. ces moments durent généralement plusieurs heures, nous sommes contents de ne plus utiliser l’anglais entre nous.

                  un soir, nous avons improvisé un jeu : j’étais l’arbitre, et andriy et oleg, chacun leur tour, proposait un mot qu’il connaissait en français. il était interdit de redire deux fois un même mot. le gagnant serait celui qui proposerait toujours de nouveaux mots alors que l’autre serait débordé. au bout de presque deux heures de ce jeu (ils piochaient chacun beaucoup dans le latin), j’ai déclaré match nul !

                  nous sommes enfin parvenus à joindre olena et andrei que connaissent les griffault de salles. je devrais les voir demain. ce n’était pas prévu dans le programme d’andriy qui espère que l’entrevue ne sera pas trop longue, car nous avons encore beaucoup de choses à voir dans lviv !

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vendredi 17 juillet

visites de lviv

                  nous nous promenons dans la ville sans arrêt. nous avons visité un musée des vêtements et outils traditionnels ukrainiens, tout étant classé par région (montagnes, plaines…). les habits m’ont beaucoup intéressée.

                  ils m’ont emmenée au musée où sont exposées en pleine nature des maisons et des églises en bois. ce musée, presque dans la ville de lviv et dans une belle forêt, est absolument magnifique ! chaque maison est gardée par une dame qui en a la responsabilité. si cette dame a envie de vous faire rentrer, elle le fait. si elle a vraiment une bonne opinion de vous, elle vous donne des explications et peut vous montrer des petits coins non vus par tout le monde. c’est amusant de participer ainsi à la vie du musée ! pour comble de malheur, je n’avais plus de photos ! mais c’était tellement superbe que tout est resté dans ma tête.

                  j’ai également fait le tour des quatre citadelles de lviv (dont deux sont en piteux état), ce qui nous a permis de visiter leur intérieur.

                 nous sommes montés sur un petit mont qui surplombe la ville : vue magnifique avec un temps superbe !

                 nous avons presque fait le tour des églises de lviv. andriy et oleg connaissant le prêtre responsable de la cathédrale (il n’était pas évêque). ce prêtre qui parlait un anglais excellent nous a fait visiter l’intérieur de l’évêché, puis m’a introduite auprès d’un autre prêtre qui lui, était français !

                 ils m’ont fait visiter un musée d’icônes. comme ils s’y connaissaient, c’était très intéressant pour moi qui n’ai pas l’habitude de lire une icône. j’ai eu droit à une explication pour chaque icône ! mais si l’explication ne venait pas, je la demandais : je voulais m’initier ! quand, quelques jours plus tard, j’ai visité les statues d’églises que contient le louvre (!), j’ai été déçue, car n’ayant pas de connaissance sur le sujet, je les ai trouvées vide de sens par rapport aux icônes !

                 une petite anecdote : andriy et oleg étant étudiants à l’académie de théologie de lviv, ont cherché à visiter la partie du musée concernant les icônes gratuitement. la dame n’a rien voulu savoir, et nous avons donc payé le tarif étudiant : 3 f par personne. étant restés suffisamment longtemps devant chaque icône, elle a acquis la preuve de ce qu’ils avaient avancé à propos de leurs études, et nous a remboursé les tickets à la fin de notre visite !

                 une deuxième petite anecdote : j’aime beaucoup la forme des képis portés par tous les gendarmes et militaires ukrainiens. dès que j’en vois un ou une petite troupe, je demande à andriy d’aller les voir de plus près ! j’aimerais bien prendre une petite photo, mais ce n’est pas très évident. je pourrais me faire arrêter et leur demander une photo souvenir, puisque le père d’andriy pourrait ensuite arranger l’affaire ! mais andriy ne semble pas d’accord. il me propose d’attendre une autre occasion, car beaucoup de personnes de profession différentes portent ce genre de képi. alors je compte le nombre de képis ukrainiens que je croise par jour !

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dimanche 19 juillet

zarvanetsia : lieu de pèlerinage

                 ça y est, lviv, c’est fini ! andriy m’a promis que nous y retournerions, parce que nous n’avons pas fait ce qu’il voulait que nous fissions. c’est qu’on ne s’ennuie pas, avec lui… je n’ai pris que 5 photos à lviv ! ! ! parce que ces ukrainiens, ils ne connaissent pas les appareils photographiques jetables, et moi j’avais fini le mien, et mon deuxième était resté à ternopil…

                 aujourd’hui nous allons dans un deuxième lieu de pèlerinage aussi connu que potchaèv : zaranetsia. c’est le père d’andriy qui nous emmène dans sa « voiture nationale ».

                 on doit se lever à 7 : 00, ce qui fait 6 : 00 en france. mais je n’arrive plus à dormir donc j’en profite pour écrire. maintenant il fait beau tous les jours, mais suffisamment pour rester en pantalon quand même !

                 je me suis acheté un dico français ukrainien hors de prix pour eux : 18 f ! par contre, les voyages en train place assise coûtent dix fois moins cher si tu vas loin. il vaut mieux partir de ternopil que de lviv pour retourner en france, car c’est plus loin donc moins cher ! reste qu’il faut supporter les « fourgons à gens que sont leurs trains… lors du retour de lviv à ternopil, andriy m’a interdit de parler français ! mais il n’y a pas eu de problèmes, et j’ai pu lui apprendre la carmagnole et la marseillaise. depuis, il voit les français comme des tueurs !

                 bref, nous sommes revenus enchantés de notre petit séjour à lviv. on a pu rencontrer quelques copains d’andriy et d’oleg, mais pas le principal copain d’andriy. il est déçu, il voulait que je fasse sa connaissance.

                 ils m’ont offert la carte de lviv !

                andriy a un projet dans l’air : aller à l’ambassade de france à kiev pour prolonger mon visa. moi, je ne demande que ça ! mais je n’aurai jamais assez de photos ! heureusement, andriy me propose son appareil.

                 bon, je les entends se lever, je vais faire pareil.

                 nous revenons juste du pèlerinage de zaranetsia, car il y avait une fête particulière (anniversaire d’une icône ? ) avec un pèlerinage annuel. nous n’avons pas fait le pèlerinage à pied, mais en voiture ! le paysage était magnifique, de la nature sauvage partout ! mais sur le lieu, tout petit, il y avait la foule de lourdes, à la seule différence que la foule parle ukrainien et porte les vêtements traditionnels.




andriy,oleg et moi avions sorti nos propres vêtements traditionnels ukrainiens pour l’événement. nous y avons retrouvé le frère (un des frères) d’oleg qui est prêtre, et un autre prêtre de lviv qui est responsable de la paroisse de lviv, et qui nous avait accueillis quelques jours auparavant. nous avons vu de nombreux amis d’andriy aussi.




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je deviens chef d’appartement !

                 je vais certainement changer de lieu d’accueil, et aller chez la tante d’andriy qui est absente en ce moment. j’y habiterai toute seule. parce qu’ici, ce n’est pas vraiment prévu pour moi.

                 j’ai lavé trois paires de chaussettes. andriy est furieux car je n’ai pas demandé d’eau chaude : c’est que je suis incapable d’allumer l’eau chaude toute seule, ce qui n’est pas très pratique, notamment pour prendre mon bain ! dans ces cas là, andriy et son père font couler l’eau avant mon bain, puis viennent fermer les robinets après mon bain ! mais en ce qui concerne les chaussettes, ça se lave très bien à l’eau froide, je trouve ! le problème, c’est que l’étendoir se trouve au dessus de la table de la cuisine, à la vue de tous. ce qui a fait, à mon avis, accélérer les procédures de changement d’appartement pour moi. tout s’est très bien passé avec andriy et son père, mais je comprends qu’au bout d’une semaine, ils en aient marre. je vais sans doute faire mon sac ce soir.

                 on vient de voir ça ensemble : je pars maintenant. c’est dommage, car je n’aurai pas mon cours d’ukrainien aujourd’hui.

                  je crois qu’andriy est un peu crevé aussi de devoir toujours faire quelque chose pour moi. il n’a plus de temps pour lui. mais il insiste pour qu’à kiev, on essaie de prolonger mon visa.

                  ils me proposent de changer d’appartement pour me laisser plus d’autonomie. j’ai vite accepté car cela permettra au père d’andriy de réintégrer son lit, et à andriy d’avoir un lit ! et je pourrai faire ma petite lessive tranquille !

                  le père d’andriy est vraiment super cool, rigolard… mais selon andriy, il l’est toujours sauf au bureau ! effectivement, je l’ai vu rentrer une fois en costume strict, cravate noire, chapeau… je n’ai pas pu m’empêcher de rire en le voyant ! il s’est tout de suite changé pour mettre un jogging !

                 voilà ma nouvelle situation : je suis chef d’appartement, au 8ème étage d’un immeuble ! je suis toute seule chez la sœur de la mère d’andriy qui est actuellement absente. c’est relativement grand, et assez chic. l’hôtel quatre étoiles pour une personne. maintenant, il faut que je m’occupe de la nourriture, de la vaisselle, des plantes… car en tant qu’hôte, jusqu’à présent, je n’avais rien le droit de faire ! sinon, c’était considérer la famille qui reçoit comme non capable de me recevoir. c’est donc andriy, son père, et oleg qui ont toujours fait cuisine et vaisselle pour moi pendant que je faisais autre chose !

                 ici, c’est plus simple, le système d’eau est moderne, donc grand luxe : je suis capable de l’utiliser sans l’aide de quelqu’un ! sauf qu’il est 23 : 00 heure passé et les horaires d’eau au robinet sont à peu près de 7 : 00 à 9 : 00 le matin et de 18 : 00 à 23 : 00 le soir. j’ai du mal à penser à ces horaires !

                j’ai voulu faire un tour dehors histoire de voir sur la carte où j’habitais dans ternopil. le problème, c’est que je suis restée 20 minutes à essayer d’ouvrir la porte d’entrée ! je n’ose plus m’en aller.

                c’est un quartier où il n’y a que des immeubles, où tous les enfants du coin se retrouvent pour jouer au ballon le soir, et faire du skateboard. à part les arrêts de bus, c’est tout ce qu’il y a dans le quartier. si, un magasin, je crois. tiens, ben les toilettes qui font du bruit (l’eau coule sans arrêt) ne font plus de bruit puisqu’il n’y a plus d’eau à cette heure-ci ! c’est ingénieux.

                l’eau n’étant pas potable, je ne vois vraiment pas ce que je peux boire. heureusement, il me reste un fond de bouteille de l’eau de la mothe qui me reste du voyage ! ! ! andriy m’a dit qu’il m’apporterait de l’eau demain matin à 8 : 00. je veux bien, mais il habite à 1 heure à pied d’ici !

                c’est sûr, je vais manquer de photos. andriy va me trouver un appareil, et moi je vais acheter des pellicules. c’est que je ne pensais pas faire autant de choses en ukraine ! c’est vrai, j’ai eu beaucoup l’occasion de faire des photos.

                dans le salon il y a une lampe à cinq ampoules. mais traditionnellement, seule une ampoule fonctionne. l’électricité coûte chère. le gaz, par contre, ne coûte rien, et il n’est pas rare que les ukrainiens le laissent allumé toute la journée !

                il se pourrait que dans deux jours on aille à kiev.

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lundi 20 juillet

dans les rues de ternopil

                il a fait très chaud aujourd’hui. j’ai pris le bus avec andriy : c’est fou ce que c’est inconfortable. mais je n’ai pas eu le temps d’y penser tellement c’était nouveau pour moi. sinon je commence à m’habituer aux choses qui m’entourent.

                j’en ai encore appris une bonne aujourd’hui : l’appartement dans lequel j’habite possède une ligne téléphonique « made in russia ». c’est très spécial, j’ai eu l’occasion d’en faire la connaissance. en fait, cela signifie que vos voisins ont la même ligne téléphonique que vous. si votre voisin téléphone et que vous décrochez, vous pouvez ainsi participer à la conversation. personnellement, ce qui est arrivé, c’est qu’andriy avait mal remis le combiné à sa place, et que la ligne est ainsi restée occupée plusieurs heures. les voisins ne pouvant plus téléphoner se sont mis à sonner chez moi, mais ayant reçu l’ordre formel de ne répondre à personne, je me suis gardée d’ouvrir. par hasard, j’ai entendu le « bip » du téléphone dans le combiné qui sonnait « occupé » et j’ai compris. aussitôt les voisins ont arrêté de sonner.

                  l’hiver, les bus sont très froids, et l’été, ils sont étouffants. je ne me plaindrai plus jamais des bus de poitiers. par contre, il y a tellement plus de bus ici qu’à poitiers ! il y a des circuits en continu, et les bus sont archi pleins, avec des lignes partout. pas comme à poitiers…

                  les contrôles sont beaucoup plus stricts qu’à lviv, tout en restant très ukrainiens. en plus du conducteur, il y a deux contrôleurs qui vendent les billets. c’est là que se cache la principale différence avec la france : les contrôleurs ne vous demandent pas vos billets, mais demandent si vous avez besoin de billets. si oui, ils vous en vendent. donc ils ne donnent jamais d’amendes ! à lviv, il n’y a pas autant de contrôleurs par bus, et andriy m’a avoué qu’il voyageait souvent gratuitement. le bus qui relie la maison d’andriy à ici est de l’ordre de 1 f le trajet. mais andriy m’a expliqué qu’en gardant les tickets, on peut quand même les revendre moitié prix à la dame qui est contrôleur et vendeur de billets !

                   ils ont deux sortes de bus : les vieux bus inconfortables et classiques, et des fourgons « peugeot » (si ! ! !) qui sont fabriqués spécialement pour les pays de l’est (je n’ai jamais croisé ces fourgons ailleurs qu’en ukraine !). les ukrainiens les appellent « des peugeot », tout simplement. en effet, il est important de les différencier des autres bus d’ukraine, car le prix du trajet diffère : il est de 30 centimes de plus ! il faut dire qu’ils sont plus confortables, en particulier sur les routes « à trous » comme il est fréquent d’en rencontrer là-bas. ils sont également à peine moins chauds en été, à peine moins froids en hiver et tout le monde doit y être assis.

                    en été, les bus ne ferment généralement pas complètement le capot qui protège leur moteur : cela permet une ventilation plus importante !

                    aujourd’hui, on a fait la visite du lac de ternopil. c’est un beau lac, assez étendu. on l’a traversé en bateau par sa moitié, et on est revenu à pied. ça nous a pris trois bonnes heures ! l’été les gens s’y baignent et l’hiver ils y patinent.

                    il y a beaucoup moins de choses à voir à ternopil qu’à lviv, mais andriy aime beaucoup sa ville. donc j’ai droit à une visite détaillée de cette ville plus grande que poitiers.

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mardi 21 juillet

19 : 00 départ pour kiev

                    à la gare de ternopil, nous achetons nos billets une heure à l’avance seulement, car c’est moins cher. mais nous n’obtenons que des places éloignées dans des wagons différents.

                    après l’heure d’attente, je découvre les wagons couchettes ukrainiens. il n’y a pas de compartiments, tout le monde est ensemble. trois couchettes plus loin de nous, une dizaine de militaires parlent fort et cherchent de l’alcool. ils ne se tairont que vers deux heures du matin quand l’alcool aura eu raison d’eux. ces wagons sont étouffants, trop pour dormir, et les odeurs ne sont pas plus fraîches.

                    andriy et oleg n’osent pas me laisser seule, ils se relaient pour rester avec moi. nous profitons de la nuit pour échanger des points de vue théologiques !

                    à 4 : 30 du matin, il fait déjà complètement jour et la radio ne tarde pas à ronfler dans tout le train (ce sont des chansons populaires de kiev). tout le monde se réveille, sauf les militaires. mais sur le coup de 6 : 00, je me suis effondrée. arrivée à 6 : 30 à kiev, j’étais dans le pâté, je ne me souviens que de ma lutte contre le sommeil. on a dû prendre le métro dans une station. après, dodo ! mais nous avons peu dormi. volodia (wladimir), le copain d’oleg qui nous accueille nous emmène faire un tour dans kiev.

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mercredi 22 juillet

visites dans kiev

                      pendant 5 jours, nous avons énormément marché, et finalement nous avons visité peu de musées. mais il y a déjà tellement de choses à voir rien que dans les rues !

                      nous avons passé beaucoup de temps dans lavra, un vieux quartier où se concentrent beaucoup de lieux religieux : églises, monastères, tombes, musées, réfectoires pour les moines… les voitures n’y rentrent pas, ce qui fait de ces lieux un quartier calme et agréable, malgré la chaleur qui pèse sur nous. il y a des fontaines (d’eau plate !), à tous les coins de rue. j’en profite pour faire des réserves d’eau (c’est andriy qui porte).

                      les églises sont très belles. ce qui m’a le plus frappé est l’église saint andré car elle est située sur un mont boisé et de son parvis part une large rue pavée qui descend vers la ville en serpentant entre les cabarets, les restaurants… cette rue est superbe.

                      je peux remarquer de nombreux cimetières d’église, dans kiev qui portent les inscriptions : « eglise st… construite en … par… . superbe édifice qui a été détruit 3, 4 ou 5 fois puis totalement rasé en … ». il ne reste que quelques rares fondations par-ci, par-là. volodia, andriy et oleg contemplent quelques temps les restes et ne disent rien. je respecte leur silence.

                      tout kiev est parsemé de statues ou de constructions diverses relatant un événement ou une idée datant de l’empire soviétique. c’est assez horrible à voir, car c’est d’un goût douteux : rêves d’idéaux, espoirs de désespérés partout…

photo : statue représentant la  "mère russie" sur le toit d'un musée dédié à la russie en plein coeur de kiev.

les ukrainiens passent sans regarder alors que ces monuments sont faits pour crever les yeux, ils surmontent les arbres, ils surplombent la ville à plusieurs endroits. moi ils m’intriguent, et j’ai eu l’idée d’en prendre un en photo. aussitôt andriy s’est retourné et m’a demandé méchamment : « pourquoi as-tu pris ça ? » je n’avais pas de réponse sauf que c’était inhabituel pour moi. je n’ai pas osé recommencer.

                     à la fin du séjour, ils riaient de ces monuments avec un humour noir.

kiev :  une ville marquée par le communisme










                     en face du musée ste sophie (ancienne église devenue musée) se trouve une autre église qui a été totalement détruite pendant la guerre. mais nous pouvons assister aujourd’hui aux derniers travaux de constructions : les ukrainiens l’ont reconstruite telle qu’elle était avant. andriy était très fier de cette église. il avait, l’année auparavant, suivi à la télé l’inauguration du chantier de cette église. à l’intérieur, les peintres s’affairent, on peut les regarder peindre des effigies de saints aux murs. certains peintres semblent très jeunes.

                     puis nous avons évidemment visité le musée sainte sophie ! cette église est immense et très belle. sa particularité est de présenter autant de peintures que de mosaïques sur ses murs.

                     les alentours sont également agréables : un musicien joue d’un instrument à cordes totalement inconnu de moi dans le jardin. il chantait toute sorte de chansons, les passants s’arrêtaient et faisaient cercle autour de lui pour chanter avec lui. à la fin de chaque chanson, il y avait une pose photo : ceux qui avaient chanté avaient le droit de poser à côté du musicien. andriy et oleg connaissaient cet instrument et m’on dit le nom, que j’ai aussitôt oublié !

                     nous avons visité deux réfectoires de moines. ces réfectoires sont attenant à une église ou une chapelle, car ils allaient prier une fois le repas fini. l’accès église-réfectoire est direct, c’est ça qui est amusant !

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l’ambiance à kiev

                     nous avons été accueilli par volodia, un ami d’oleg. il est très marrant, aime beaucoup chanter et joue très bien de la guitare. le soir, donc, quand il n’avait pas trop bu, nous chantions les refrains de taizé qu’il connaissait ou il chantait des chansons sur lviv ou kiev. certaines étaient même de sa composition. mais je n’y comprenais pas grand chose ! leurs chansons n’ont pas le même style que les nôtres, elles sont moins « ritournelles » et donc, selon moi, plus difficiles à apprendre. andriy (peu musicien) a essayé de m’en apprendre une courte, mais j’en suis toujours aux deux mêmes premières phrases ! entre temps, lui, il a appris 5 ou 6 chansons françaises dont une qu’il connaît bien :

quand le cheval de thomas tomba,
comment thomas ne tomba t-il pas ?
matthieu dit qu’il n’a pas vu tomber thomas,
thomas tomba t-il ou ne tomba t-il pas ?

                     il arrive à la chanter très vite, mais a plus de mal quand c’est lent.

                     pendant les vacances, volodia travaille dans une agence qui s’occupe de visas (?) donc il n’était pas toujours avec nous. il connaît kiev particulièrement bien (il est russe mais parle très bien l’ukrainien car il a étudié quelques années à lviv avec oleg) et nous a fait faire plein de ballades super dans kiev. il habite assez loin du centre ville (il faut d’abord prendre un tramway puis le métro), mais possède un studio suffisamment large pour nous accueillir tous les trois. il a été décidé que je dormirai avec lui chez ses parents qui habitent à ¼ d’heure à pied de chez lui. je dis cela car un soir, après sa journée de travail, volodia nous a ramené une bande de copains qui avaient bu, tous autant que lui. andriy et oleg ont refusé que je parte avec lui le soir, et j’ai donc dormi sur place.

                     j’ai bien compris que l’alcool était le point faible de beaucoup de gens, dans ces pays là peut-être plus qu’en france.

                     mais, chez les parents de volodia, j’ai pu goûter de l’alcool de fraise : délicieux ! (je sais m’arrêter moi).

                     chose curieuse, andriy d’ordinaire très agréable, s’est mis à avoir très mauvais caractère pendant tout son séjour à kiev. il aimait bien volodia, mais volodia est russe et tous ses amis sont russes. andriy m’a avoué que les « bains de russes » n’étaient pas pour lui plaire, car ils ont un caractère qui ne lui revient pas.

                     il y a beaucoup de russes à kiev. et les jeunes ukrainiens de kiev parlent aussi russe que les russes, puisque l’ukrainien était interdit pendant la période soviétique. maintenant, tout le monde réapprend l’ukrainien, ukrainiens autant que russes. à ternopil et à lviv, qui sont plus à l’ouest de l’ukraine, les choses ne se passent pas comme cela puisque les ukrainiens sont toujours restés plus ou moins nationalistes, et n’ont pas perdu leur langue. andriy a été très déçu de sa capitale sur ce plan là. pour rien au monde il ne voudrait partir étudier à kiev !

                     laissez moi vous décrire une partie de la salle de bain de volodia : les toilettes en particulier. elles fuyaient autant que toutes les autres toilettes que j’ai rencontrées, donc là n’est pas le côté intriguant de la chose. le dessus du réservoir étant cassé en deux, volodia l’a jeté, laissant tous les mécanismes visibles… ce qui laisse perplexe car on se rend facilement compte que le mécanisme de la chasse d’eau est cassé lui aussi ! on comprend qu’il faut soi-même soulever le bouchon qui se trouve au fond du réservoir d’eau pour que l’eau s’écoule dans la cuvette ! je n’avais encore jamais vu ça !

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vendredi 24 juillet

la galanterie ukrainienne

                     un soir, je suis partie avec volodia chez une de ses amies (russe) qui parlait très bien le français. c’est donc la première fois que j’ai pu converser librement avec une dame. j’ai pu lui poser toutes mes questions au sujet des femmes ukrainiennes, questions auxquelles andriy et oleg ne se sentaient pas concernés ou sur lesquelles ils avaient une idée trop arrêtée.

                     j’ai remarqué que les femmes dans les rues sont d’une élégance différente de celles de paris. les parisiennes recherchent l’indépendance plus que les kyéviennes, qui elles, attendent plus d’attention et d’aide de la part de la gente masculine.

                    quand je suis descendue d’un bus, d’un train ou que la route était difficile, toujours un homme m’a tendu la main, quand andriy ou oleg se trouvaient derrière moi. au début, n’étant pas du tout habituée à ce genre d’attention, je n’osais pas prendre la main tendue et je répondais que je n’avais pas besoin d’aide. quand j’ai vu plus tard que ces manières étaient répandues, je me suis mise au goût du jour. dans le métro, peu d’hommes s’assoient. s’ils en ont l’occasion, c’est souvent pour se relever et laisser la place à une dame qui monte. quand, arrivée à paris lors de mon retour, je suis montée dans le métro en portant mes deux sacs à dos, pas un de ces messieurs ne s’est levé pour m’aider à me décharger ou me proposer une place j’ai compris que j’avais changé de pays !

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l’espoir ukrainien

                     cette dame russe m’a également beaucoup parlé de son enfant de 3 ans. dans ce pays ou tout est incertain, elle est inquiète pour lui car elle ne sait que penser au sujet de l’ avenir de son fils. j’ai remarqué que tous les ukrainiens et russes résidant en ukraine ont la même réponse au sujet du futur. d’un air résigné, ils répondent : « on verra, on ne peut pas savoir ». ils n’ont pas tous beaucoup d’espoir.

                     jamais un français ne dirait cela. jamais je n’ai rencontré un jeune français, même avec le chômage qui grandit, qui en était rendu à ce point là. là bas, c’est une tendance nationale. andriy m’a dit cette phrase, oleg aussi, les sœurs aussi, seuls les parents ne disent rien, ce qui est peut-être pire. eux sont encore plus en danger : quand ils sont à la retraite, ils n’ont vraiment plus rien. mais ils ne s’en plaignent jamais.

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lundi 27 juillet

le dernier jour

                     c’est dur de dire au revoir à chacun. pour la circonstance j’ai fait un saucisson glacé avec les moyens du bord (j’ai trouvé deux boites de « petits beurre » à kiev, portant la véritable appellation en français de « petits beurre » mais fabriqué en turquie - et le goût n’était pas le même). tous veulent encore faire quelque chose pour moi, et les parents d’andriy m’offrent un véritable képi (ce qu’ils appèlent « fourrajka ») datant de l’empire soviétique ! c’est le leur, la maman d’andriy l’a porté ! nous avons pris nos dernières photos avec (elles sont restées en ukraine), car décidément, ce style de képi me plait beaucoup. puis le père d’andriy décide de me faire conduire sa voiture, fameuse voiture nationale ! tout en portant le képi russe (selon le père d’andriy c’était une magnifique occasion de le porter, car on ne nous arrêterait pas), me voilà sur les routes (non passagères) d’ukraine au volant de la « national car » ! les règles ne sont pas tout à fait les mêmes qu’en france : primo, surtout ne jamais faire ronfler le moteur qui ne le supporterait pas. secundo, passer au point mort à la moindre petite descente pour économiser l’essence et la voiture, puis repasser une vitesse dès que la pente est terminée. toutes les voitures faisant comme cela, ce n’est pas dangereux. la spécialité des voitures ukrainiennes est donc de d’avancer plus vite dans les montées (si elles ne sont pas trop chargées) que dans les descentes ! enfin tertio, ne jamais dépasser le 60km heure à cause des trous à éviter sur la route et des policiers à éviter également sur les routes (à chaque entrée et sortie des principales villes se trouve une petite embuscade permanente de gendarmes qui peuvent vous arrêter et vous fouiller). le père d’andriy connaît bien les routes où il n’y en a pas, et en cas de problème, il montre toujours sa carte d’avocat. on le laisse toujours tranquille.

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mardi 28 juillet

le retour

                      cette fois je reviens vers la pologne en bus ukrainien, et non en train polonais. c’est moins cher, c’est moins long, et de toute façon, il faut que je dorme à l’hôtel à rzeszów. on procède aux derniers échanges de cadeaux (j’offre un parfum à la maman d’andriy qui en retour m’offre un fichu – j’en avais tant cherché !, et oleg arrive, portant le tee-shirt « décathlon » que je lui avait offert pendant les j.m.j. avec à la main un second fichu pour moi !).

                       le chauffeur me propose gentiment de mettre mon sac à dos dans la soute (ce n’était pas compris dans le prix de mon billet), car personne d’autre n’a de gros sac comme le mien. surprise : la porte de la soute à bagages n’est fermée que par un seul boulon que tout le monde peut dévisser, et la taille de la soute est non moins surprenante : on ne pourrait loger que trois sac à dos comme le mien ! heureusement que le bus n’est pas plein !

                       je voudrais rester. nous reverrons-nous ? bien sûr, je les ai tous invités à la mothe-saint-héray, mais une invitation reste une invitation. s’il n’y avait pas ces problèmes de visas, c’est sûr, je serais restée un mois de plus ! c’est l’heure, le bus démarre et je quitte ternopil. j’ai beaucoup de voisins, mais je n’ai pas envie de parler. je pense à tout ce que j’ai pu faire ici, et à tout ce qu’on a fait pour moi, ici. j’ai largement de quoi penser jusqu’à mon arrivée à rzeszów pour ne pas avoir besoin de parler.

                      mais je ne pouvais pas prévoir que j’allais être dérangée dans l’énumération de mes nombreux souvenirs ! en effet, aux abords d’une ville (lviv, certainement), tout le monde descend. je décide de rester dans le bus, mais le chauffeur me fait signe qu’il faut descendre. andriy ne m’avait pas prévenue qu’il y avait un changement ! mais je remarque que les voyageurs laissaient leurs affaires dans le bus : je comprends donc que le chauffeur tient à ce que ses passagers prennent l’air. c’est bien ! mais ce n’était pas du tout ça. j’étais à peine descendue que le bus a démarré et est reparti sur la nationale ! j’étais un peu embêtée ! il a donc bien fallu que j’interroge quelqu’un, et j’ai fait la connaissance d’une jeune fille (17 ans) de ternopil qui voyageait avec son père. elle parlait un allemand très scolaire, mais peu à peu, nous avons appris à nous comprendre. elle m’a expliqué (il a fallu ¼ d’heure) que le bus allait revenir dans ¾ d’heure. j’étais soulagée, et nous avons largement discuté après. une de ses grand-tantes vivant en france à lens, elle était très heureuse de rencontrer une française (c’était peut-être la première fois qu’elle en voyait une), et elle a tenu à ce que nous gardions contact. elle m’a ensuite montré des photos de ternopil sous la neige : c’est magnifique ! j’ai pu voir le théâtre de ternopil avec des chevaux attelés à des traîneaux galoper sur les routes enneigées ! c’est sûr, il faudra que je revienne à ternopil en hiver un jour !

                       les frontières furent très longues à passer – environ 3 heures (le temps avait subitement changé, il y a eu un superbe orage, avec des trombes d’eau). les douaniers ont reniflé, testé, goûté les pique-niques de chaque voyageur du car, sauf le mien ! en effet, voyant mon imposant sac, le douanier m’a demandé « alcohol ? tsigaretten ? ». je me suis empressée de répondre « nie tchoho » ce qui veut dire « rien ». la réponse lui a suffi, et je n’ai pas eu besoin d’ouvrir mon sac.

                       la jeune fille que j’avais rencontrée racontant ce qu’elle savait de moi à son père, ils ont tenu ensemble à m’aider dans la ville de rzeszów à notre arrivée ! son père a cherché lui-même l’hôtel le moins cher, m’y a conduit en portant mes bagages, m’a emmenée au distributeur automatique de billets le plus proche pour que je puisse sortir de l’argent polonais, et m’a indiqué les cabines téléphoniques pour que je puisse appeler à ternopil et prévenir que j’avais tout trouvé ! la famille d’andriy était rassurée.

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mercredi 29 juillet

suite du retour

                      le retour en france m’a semblé très long, beaucoup plus long qu’à l’aller. a l’aller, j’étais captivée par tout ce qui était nouveau et par tout ce que j’allais vivre d’inhabituel, et au retour, je ne me posais qu’une question : « quand retournerai-je en ukraine ? ». étant incapable de répondre à cette question, je jurais contre les visas et la longueur du trajet…

                      j’ai quand même réussi à dormir six heures dans le car ! l’hôtesse n’en revenait pas. moi non plus, d’ailleurs. c’est que je devais être fatiguée !

                      nous avons passé beaucoup de temps à chaque frontière, y compris la frontière française. les français n’arrêtaient personne, mais quand ils ont vu le car polonais, ils se sont écriés : « des russes ! » et tout de suite, trois militaires, mitraillette aux mains, ont entouré le car. personne n’avait le droit de sortir. le premier mot que j’ai entendu fut « bonjour ! » sans aucun accent ! je me suis sentie en france dès que j’ai entendu ce mot ! la question était : « combien y a t-il de russes dans le car ? ». les polonais ont répondu : « un ukrainien ». nous sommes restés là ¾ d’heure, le temps de vérifier les papiers et d’établir le visa du seul ukrainien du car. les douaniers n’ont rien demandé aux autres personnes.

                      quand nous sommes repartis, un enfant du car s’est écrié « frantsia ! » avec tellement de joie que tout le monde a ri. mais tout le monde était aussi content que lui d’arriver enfin ! j’ai un peu parlé avec l’ukrainien (qui était mon voisin car il avait lu les inscriptions ukrainiennes sur mon sac écrites par andriy : « bienvenue à lviv », mais j’ai vite quitté tout le monde pour me reposer enfin dans mon pays ! j’étais tellement surprise de pouvoir lire toutes les inscriptions sur les panneaux publicitaires que je les lisais et les relisais tout en pensant : « c’est du français ! ».

                       je suis passée deux jours chez marina (de la même m.s.t. que moi à poitiers) en stage chez servier, deux jours que nous avons passés à visiter et à papoter sur son stage et sur mon voyage. c’était sympa !

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merci à tous !

                       j’ai beaucoup de monde à remercier, à commencer par tous les ukrainiens que j’ai pu rencontrer (ils ne liront pas cela en français), et par ma famille (au sens large) et mes amis qui m’ont soutenue et aidée psychologiquement avant, pendant et après mon voyage pour les problèmes de papiers, de délais et autres difficultés. merci à jean-pierre griffault pour toutes ses informations qui m’ont été bien utiles.

                       je suis contente d’avoir pu réaliser ce petit mémoire de vacances pour moi, mais également pour vous qui le lisez : c’est un peu long, mais les impressions d’un moment peuvent s’écrire sur plus de pages encore que cela ! j’ai appris beaucoup de choses en trois semaines, et je ne demande qu’à en apprendre d’avantage ! surtout, si vous décidez d’aller en ukraine pour un moment ou pour plus longtemps, prévenez-moi ! ! !

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