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Ecrivez-moi |
mardi 07 juillet | 10 : 30 départ de paris en car |
15 : 54 suite du voyage | |
19 : 00 suite du voyage | |
mercredi 08 juillet | 12 : 33 suite du voyage |
16 : 30 départ de la gare de rzeszów (pologne) | |
21 : 00 la frontière pologne - ukraine | |
jeudi 09 juillet | 3 : 00 du matin : arrivée à la gare de ternopil (ukraine) |
samedi 11 juillet | le monastère des surs d'oleg |
dimanche 12 juillet | le monastère des frères |
la finale de la coupe du monde | |
lundi 13 juillet | potchaèv, lieu de pèlerinage |
piedkamine | |
mercredi 15 juillet | |
jeudi 16 juillet | sur serafima des j.m.j. |
nos soirées | |
vendredi 17 juillet |
visites de lviv |
dimanche 19 juillet | zarvanetsia : lieu de pèlerinage |
je deviens chef d'appartement ! | |
lundi 20 juillet | dans les rues de ternopil |
mardi 21 juillet | 19 : 00 départ pour kiev |
mercredi 22 juillet | visites dans kiev |
l'ambiance à kiev | |
vendredi 24 juillet | la galanterie ukrainienne |
l'espoir ukrainien | |
lundi 27 juillet | le dernier jour |
mardi 28 juillet | le retour |
mercredi 29 juillet | suite du retour |
lhistoire débute avec les journées mondiales de la jeunesse (j.m.j.) en france (1997). la mothe-saint-héray reçoit deux ukrainiens avant la semaine parisienne au champ de mars et à longchamp. nous décidons de les accueillir à la maison. àíäðié òèõîâëiñ (andrij tykhovlis) et îëåã iâàøêiâ (oleg iwashkiv), 19 et 22 ans, étudiants en théologie dans lacadémie de lvov (l.t.a.) dans louest de lukraine visitent la mothe et ses environs pendant quatre jours. puis ils participent à la suite des j.m.j. à paris où je les ai retrouvés pour la messe à longchamp.
andriy | volodia et oleg |
suite à cette rencontre, nous gardons des contacts épistolaires, puis internet vint révolutionner nos correspondances : je décide de partir chez eux, dans leur ville de ternopol (750000 habitants), située à louest de lukraine (à environ 100 km de lvov). je ne savais pas grand chose de ces deux correspondants étudiants ni de leur famille, mais jen savais assez pour me sentir attirée par leur pays. depuis bien longtemps javais envie daller voir de près des pays de lest comme la pologne, la roumanie, la slovaquie mais lukraine fut ma première opportunité !
me voici dans le car qui me conduit de paris à rzeszów (est de la pologne), en passant par lille, la hollande, lallemagne, et enfin la pologne. ça fait beaucoup de frontières à passer, et surtout beaucoup dheures à attendre (exactement 30 heures) ! mais tout va très bien, madame la marquise
nous approchons de lille et en fait, ça fait bien longtemps que jai limpression davoir quitté la france. dans ce car, tout le monde parle polonais, et je dois être la seule à ne pas comprendre cette langue ! les deux conducteurs et lhôtesse, tous trois polonais, comprennent vaguement le français mais ne le parlent pas. cela suppose que je devine ce quils disent, que je leur redise ce que jai compris en français, et quils acquiescent par « tak ! » ou refusent par « nie. ».
je me demande sils prévoient de transporter des français sur leurs lignes de car ! aujourdhui, pour moi, lille nest plus en france puisquil ny a plus de français. et puis les maisons nétant pas du même style quà la mothe, je suppose donc que la france est déjà derrière moi.
mon voisin de fauteuil est polonais mais parle un peu anglais. cest facile de nous comparer : il na rien, et moi jai tout. je nose pas ouvrir mon sac de pique-nique en face de lui : il ne lui reste que quatre francs et trente-cinq centimes pour manger le temps du voyage ! moi jai quatre gros sandwichs et quatre petits, des gâteaux et des ufs. je lui ai proposé un bout de sandwich (il sappelle martin, ce qui ce prononce « martchine »), mais il refuse tout, sous prétexte quil a mangé. passe pour cette fois, mais jattends ce quil va minventer pour ce soir !
tout étonné que jaille jusquen ukraine, il ma raconté ce quil savait sur ce pays où il navait jamais mis les pieds. les ukrainiens boivent souvent du thé ou du café, quelque fois de leau gazeuse salée, mais surtout jamais deau plate. ils apprécient particulièrement « something more strong » dit-il avec un air grave. jai compris que lalcool ukrainien était plus fort que lalcool polonais, mais que les beuveries y étaient surtout très répandues.
voici son histoire en france : il était à un meeting à lille au sujet de leurope, mais tenait à visiter, ne fut-ce quun seul jour, paris. quand il a demandé son billet de train pour paris, on lui a répondu quil ny avait de la place quen tgv première classe ! ! ! ce quil a pris, et il a donc dormi sous la tour eiffel ! maintenant il dort, donc je nai plus de traduction de ce que disent les chauffeurs. mais jai compris « frantzousky » et « climatisatzia » !
question bus, il ny a rien à redire, cest du première classe ! lhôtesse nous sert le thé et le café pour quatre francs, on a de la place pour dormir, des toilettes et deux télévisions sont à notre disposition, il y a un semblant de velours partout et de la moquette par terre. je nai jamais vu un car aussi confortable ! jajoute que ce car est polonais.
devant moi, deux enfants parlent polonais avec leur mère, mais entre eux, parlent un français sans accent. ça mimpressionne et ça dégoûte mon voisin qui ne veut rien leur demander, question de fierté. ils ont lair de préférer tout ce qui est français à tout ce qui est polonais.
je remarque que les polonais portent énormément la moustache !
tiens ! je ne comprends plus ce qui est écrit sur les pancartes. cest de lallemand mélangé à de langlais, et il y a des vaches dans tous les champs : nederland ! nous allons vers eindhoven puis hanovre.
je me demande si nous sommes dans la bonne direction parce quici, il fait très froid (15°c), il pleut une belle saucée, et les champs nont jamais été aussi verts en france. il y a des vaches, beaucoup de chevaux et doies dans les champs. jai même vu un faon dans un champ de blé ! et les panneaux disent : « ! nebel », ce qui veut dire, attention au brouillard.
des fermes, toutes du même style, sétendent à perte de vue. les fenêtres, dun blanc éclatant, tranchent avec les murs très foncés. ça fait vraiment inhabituel, mais cest très joli.
par contre, dans le pays, on ne sait pas ce que cest quune côte ou une colline. on ne peut pas trouver plus plat. cest très irrigué. on va vers duisburg, et on en est à notre deuxième film traduit en polonais. langlais quil y a dessous est inaudible.
les péniches, les rivières, les fleuves, les lacs sont partout. cest tout mouillé, quoi. leur taille mise à part, les usines ressemblent en tous points aux maisons. tout est en briques foncées, avec des croisées blanches. tout semble très ordonné, comme si çavait toujours été comme ça. quand il ny a pas de moutons, les champs sont remplis de fleurs, de toutes sortes.
mon voisin narrête pas de dormir. cest moi qui ai la meilleur place pour dormir, mais il ne veut pas changer.
nous sommes à cracovie, jarrive à rzeszów dans deux heures.
en deux mots, je nai dormi quune heure et jai été malade environ trois heures dans le car. incapable de tenir debout dehors ! je me suis sérieusement demandée si je nallais pas marrêter un jour ou deux à rzeszów, histoire de me requinquer ! maintenant cest fini, cest même la grande forme et je suis pressée darriver.
le car se vide peu à peu. je suis la seule à aller en ukraine : tout le monde connaît mon histoire dans le car parce que je demande des traductions et de laide pour me diriger dans rzeszów. une dame polonaise devant moi, qui parle très bien le français, ma proposé de maccompagner jusquà la porte de la gare de rzeszów ! ! ! jai évidemment accepté.
je possède avec moi également beaucoup de recommandations polonaises pour voyager en train : même si le train est plein, il est possible de prendre un billet. et surtout, ne pas dormir pour surveiller ses bagages, même sil ny a quune seule personne dans le wagon. jai sur un papier toutes les phrases polonaises dont jai besoin pour demander mon billet à la gare !
évidemment, tout est très très très très différent ici.
les forêts polonaises sétendent à perte de vue, les polonais nélargissent pas les routes pour respecter leurs arbres dixit mon voisin- (ils tiennent ça didefix). les poteaux téléphoniques sont systématiquement dans les champs même sils suivent autant les routes quen france. cest très rigolo, ça oblige les agriculteurs à tourner autour ! idem pour les panneaux publicitaires : on en voit rarement plus dun par champ, lisible de la route. les champs de maïs donnent ainsi une dimension aux panneaux quon ne trouve pas en france. on trouve même des panneaux un peu comme en france : géant casino avec laccent sur le é (jinsiste).
les gares sont souvent colorées et imposantes.
dans un champ de taille française (légèrement plus petit que ceux autour de la maison à la mothe), on peut trouver une dizaine de bandes de céréales différentes sans séparation. ça donne une couleur différente à chaque bande. sil ne pleuvait pas (13°c), il y aurait de très belles photos à prendre surtout quand cest vallonné.
les polonais possèdent aussi un type de voiture très répandu que je navais encore jamais vu : ce sont de toutes petites voitures ! des miniatures ! les familles sentassent là dedans. inutile de vous dire que notre bus polonais dépasse tout ce beau monde, tout compris (camions, autres bus ). il faut aussi connaître une règle périlleuse mais très respectée dans leur code de la route : on sécrase devant celui qui dépasse :
et à chaque fois que ce code est respecté on se fait un signe amical. on a limpression que nos chauffeurs connaissent tout le monde. inutile de vous dire que ça demande une habitude et une vigilance tout à fait particulière
le match brésil-hollande de la coupe du monde a eu lieu quand nous traversions la hollande. il ny avait personne sur les routes à ce moment là ! les radios du cars sont maintenant toutes branchées sur la france, mais jamais en français. jentends « tivitsia », « frantsousky », « croavitsy », « finalé ».
bientôt rzeszów, il faut que je me prépare car il faut que je trouve la gare, que je sorte de largent polonais dun distributeur automatique, que jachète mon billet pour ternopil (ma destination finale en ukraine, où mattendront andriy et oleg). et tout cela en une heure, sinon le train part sans moi !
ma chère maman, je voudrais comprendre ce qui marrive ! ! !
en fait, ici, à la gare de rzeszów, personne ne parle ni lallemand, ni langlais, ni le français ce qui complique légèrement les choses pour moi. en tout, jai dû interroger plus de vingt personnes à la gare ! une seule a pu me dire en allemand que cétait trop tard pour acheter les billets, et que la meilleure chose à faire, donc, cétait de voir avec le contrôleur
je décide donc arbitrairement de sortir léquivalent de 200 f français, ce qui fait 100 zloty, pour un voyage en train qui dure plus de huit heures pour un parcours denviron trois cent kilomètres, avec la frontière à traverser. aurai-je assez ? sinon, jai des dollars sur moi, mais seront-ils acceptés ?
sous la pluie, jai donc attendu le train. les haut-parleurs annoncèrent du retard (jai compris quil ne fallait jamais emporter une montre à chiffre sur soi en voyage, car les aiguilles sont un langage facilement reproductible avec des gestes, et chacun a pu me traduire que le train aurait une demi-heure de retard). jai voulu en profiter pour aller sortir plus dargent car je minquiétais de plus en plus, mais un polonais ma fait signe quil ne fallait pas que je quitte le quai. il avait raison, le bougre ! le train est arrivé seulement dix minutes en retard. je laurais loupé !
étant en retard, le train ne sest arrêté que dix secondes ! jai vu les gens courir vers leur wagon et monter précipitamment. moi, il fallait que je trouve le contrôleur. où ? je suis donc montée dans le wagon qui se trouvait en face de moi, mais me suis heurtée à un contrôleur. visiblement, il ne tenait pas à me laisser monter. il me dit quelques mots que je nai pas compris. que conclure ? jétais désespérée. jai dit « ternopil » avec laccent le plus ukrainien que je connaissais. il ma alors pris par le bras, a pris mon sac en même temps (il était costaud) et ma hissé dans le wagon. il hurlait « tak, tak ! ». le train était déjà parti.
vers où allais-je ? et pour combien dargent ?
le wagon était fait de compartiments. je me suis aperçue que tous les gens sortaient pour voir se qui se passait. le contrôleur est revenu vers moi et ma apporté une serviette, deux petits savons que jai dabord pris pour du fromage, et un semblant de croissant. jétais de plus en plus ahurie. puis il ma traînée vers un compartiment encore vide. là, jai essayé de faire le point. sil me fallait un jour remonter dans ce train, peut-être en serais-je incapable ! mais plus que tout, se posait la question de largent : en effet, le compartiment dans lequel je me trouvais était largement au-dessus de tout ce que javais pu voir dans le deuxième classe français !
voulant comprendre, je suis sortie de la cabine. je ne me suis jamais sentie plus regardée. je dois avoir lair de tout sauf dune ukrainienne passe-partout. je me suis dit quil fallait quils shabituent, donc je suis restée collée à la fenêtre du couloir attenant à mon compartiment, surveillant du coin de lil mes affaires.
enfin, le contrôleur est revenu, et ma tendu une calculette sur laquelle il y avait « 86.5 ». alors, avec un soudain espoir, jai sorti mon billet de 100 zt, ce qui a paru complètement le satisfaire. il la empoché et a disparu. aussitôt après il est revenu avec un billet de 10 zt et une pièce de 5 zt. question calcul, ils ont des progrès à faire, dans le pays mais je nai pas à men plaindre. je note donc que 85 zloty = 170 francs.
maintenant il pleut tout le temps et il fait toujours de plus en plus froid. une polonaise ma dit que ce froid était inhabituel pour la saison. jespère que je vais bien vers ternopil !
le bruit que le train fait est assez impressionnant. sa façon de freiner aussi, dailleurs, on est comme projeté en avant. nous arrivons à la frontière pologne ukraine. enfin ! je vais voir du pays ukrainien ! les polonais me disent que le coin sappelle quelque chose comme « grèchè ». en face, on peut voir de loin la première église orthodoxe avec ses cinq dômes.
à défaut de savoir ce qui sest passé avant, je sais ce qui se passe maintenant ! ça vaut lexplication dailleurs : cest quil ne faut surtout pas être pressé de rentrer en ukraine.
dabord, javais complètement oublié que les rails européens nont pas le même écartement que les rails russes ! et lukraine qui était en u.r.s.s. avant ces six dernières années néchappe pas à la règle. donc, laissant les voyageurs dans leurs compartiments, une artillerie douvriers installe des crics énormes tout le long du train, et la manuvre consiste à soulever le train. ensuite je suppose quils modifient lécartement des roues de chaque wagon, puis ils reposent le train. cest là que commencent les opérations les plus brutales : sans prévenir, ils font faire au train des allées et venues, ce qui secoue beaucoup et peut être très dangereux pour les pauvres voyageurs restés à lintérieur qui doivent se tenir fermement pour ne pas se retrouver avec des bosses partout, ou tout simplement assommés.
ensuite, étant à la frontière, il faut procéder à la vérification des passeports. va t-on me fouiller ? ça membêterait vraiment, car mon sac est tellement compact quil me faudrait plusieurs heures pour le refaire ! les douaniers ont vaguement regardé les passeports polonais, mais ils sont partis avec le mien je ne sais où ! puis le train est reparti tout doucement. enfin on sarrête de nouveau, et on attend. pour passer le temps, je discute avec les polonais des compartiments voisins. un vieux monsieur et sa femme parlent un peu lallemand. lui a fait la guerre en allemagne et est ravi de se rappeler tout cela avec moi ! il sest mis à critiquer les russes, ce qui a fait sursauter sa femme de frayeur. elle sest écriée en allemand : « moins fort ! ».
il y a aussi une ukrainienne qui parle un peu anglais. je lui donnais un an de moins que moi, mais elle en a six de plus et elle est mariée ! je crois lavoir blessée en refusant un café ou un thé que le contrôleur se propose de nous faire moyennant quelques zloty. mais elle ma bien aidée par la suite. cest que tout le monde veut faire quelque chose pour moi !
si nous sommes en rade devant les bureaux de la douane, cest seulement à cause de mon visa, et cela, tout le monde dans le train le sait. alors les voyageurs viennent discuter avec moi, et se font une joie de me traduire ce que les officiers ukrainiens me demandent. cest que les officiers font plusieurs allées et retours pour moi simplement pour me demander de prononcer mon nom. eux ensuite, tentent de lécrire en cyrillique. ils ne sont pas tous daccord, car ces sons nexistent pas en ukrainien. les polonais rient et se moquent des douaniers par derrière : pour eux, ces policiers « jouent ».
on ma demandé de remplir un papier contenant toute une page de questions posées en russe ! jai reconnu le formulaire où lon doit déclarer tout ce que lon a sur soit. jean-pierre griffault avait eu de la chance, lui, de lavoir en anglais ! encore, les polonais mont aidé. je ne suis pas sûre davoir répondu aux questions, mais les polonais, eux, avaient lair content de ce que javais écrit selon leurs indications, moitié en anglais, moitié en allemand (jaurais dû tout écrire en français !). une dame militaire des douanes est venu déchiffrer ce papier, ma posé dautres questions auxquelles je nai pu répondre mais cela lui importait peu. jai cru quelle allait me demander douvrir mon sac, mais un bref coup dil sur lextérieur lui a suffit. ils ne fouillent entièrement quun voyageur par wagon, et ce nest pas tombé sur moi.
quand enfin, les ukrainiens mont rapporté passeport et visa, on avait encore changé de place en train. lopération a peut-être duré deux heures ! le train est aussitôt reparti, et tous les polonais ont fait lassaut de mon visa pour le lire ! rires ils mont expliqué que le visa était rédigé en russe et non en ukrainien, et que tout était au nom de « lu.r.s.s. » ! ! ! ils samusaient à lire et relire mon visa en russe et riaient de leur accent.
laissez-moi vous décrire mon compartiment ! jy suis toujours seule, car je suis la seule à marrêter à ternopil, et que le contrôleur viendra me réveiller vers trois heures du matin. jai donc un lavabo pour moi, un grand miroir éclairé, une penderie avec portes manteaux, et pas de draps, mais trois couettes car les compartiments sont prévus pour trois voyageurs ! je peux dormir tranquille car il y a deux loquets à la porte. cest que je ne peux plus dormir, tellement cest chouette ! je me suis confectionné le meilleur lit chaud que je nai jamais eu, ayant passé ma dernière nuit en car, et puisquil faisait décidément froid, dans le pays. ah ça, je noublierai pas les wagons couchettes polonais ! au retour, jessaierai de prendre des places assises, moins chères, quon appelle « wagons ukrainiens » !
le conducteur me réveille vingt minutes avant mon arrivée à ternopil. enfin, jarrive bientôt ! jespère que le train naura pas trop de retard, car je ne veux pas faire attendre longtemps ceux qui se sont levés pour moi ! le conducteur me remet mes billets (il serait temps !) et me dit au revoir (en ukrainien). le train narrive quavec quinze minutes de retard.
je suis à peine descendue sur le quai quandriy me fait signe avec son parapluie. il me fait la bise, comme le font les jeunes français entre eux, ce qui avait beaucoup amusé les ukrainiens quand il étaient en france. oleg arrive en courant peu après suivi dun monsieur : andriy me présente son père, avocat. je suis toute confuse quil se soit levé à une heure pareille pour mattendre, et mempresse de lui dire en anglais. mais il rit en faisant des gestes : il ne comprends pas langlais. andriy lui traduit, il rit encore en voulant dire quil ny avait pas de souci à se faire !
andriy mexplique que je vais partir avec oleg dans le monastère où sont les surs doleg. il se trouve dans un petit village à cinq kilomètres de ternopil, mais nous irons en voiture. une quatrième personne mattendait : le chauffeur de la voiture qui met son véhicule au service des surs qui ne conduisent pas. andriy et son père me quittent aussitôt.
il pleut très fort, et la route est une mare, plutôt une rivière. en voiture, nous navançons pas vite, mais les roues projettent leau à plus de deux mètres au-dessus du sol. ça mimpressionne, mais le conducteur semble habitué, il ne ralentit pas.
oleg, son frère et moi allons habiter une maison attenante au monastère des surs.
cest mon troisième jour au monastère des surs doleg. ces surs ont pour mission, entre autre, laccueil. en ce qui me concerne, elles me consacrent beaucoup de temps, dattention et daffection. elles sont adorables ! dans les monastères français, peut-être que les surs ont moins de temps pour elles. ces surs ukrainiennes soccupent de nos repas, et il nest pas question que je fasse quoi que ce soit. jai tenté une fois de débarrasser la table, mais elles ne men ont pas laissé le temps. si je recommence, disent-elles, elles me font quitter le monastère !
leurs plats sont bons, mais les épices et parfums quelles mettent dedans me sont complètement inhabituels, et me donnent la nausée je mefforce de tout manger, mais voyant les faibles quantités que javale, elles se doutent bien de quelque chose. cest vrai que jai souvent faim, mais je ne peux rien manger ! en fait je suis stressée par tout cet environnement inhabituel et jai du mal à avaler quoi que ce soit. il me faut trouver le juste milieu entre manger le plus de choses possibles et ne pas vomir devant tout le monde !
il fait toujours très froid, et je manque de pulls ! les surs men prêtent, jen ai quatre les uns par dessus les autres quand je sors, alors que les ukrainiens nen portent que deux. je savais que jétais plus frileuse que la majorité des français. pas seulement des français ! les surs me disent que ce temps froid en juillet est vraiment inhabituel
les surs veulent mettre leur système de chauffage en marche pour ma chambre ! jai insisté pour quelles ne le fassent pas en plein mois de juillet ! heureusement pour moi, elles nont pas réussi à mettre leur système en route, et le temps a changé du jour au lendemain !
cest peut-être le dernier jour que je suis au monastère car je crois quandriy a insisté pour que je vienne chez lui, à ternopil. il voudrait que je connaisse la ville. ça membête vis à vis des surs qui croient que je ne suis pas bien avec elles. et pourtant ici, cest lhôtel quatre étoiles ! douches, toilettes, quatre lits, pleins de couvertures, cest très grand
je vais leur faire goûter la confiture de rhubarbe. elles en ont elles aussi, et elles la font pousser dans leur grand jardin. plus tard, japprendrai que les ukrainiens achètent très peu de légumes ou de fruits au marché, et quils possèdent en conséquence tous un petit champ pour faire pousser leurs propres légumes. ainsi, le père dandriy ne fait pas exception à la règle, et en tant quavocat plante lui-même ses tomates, salades, concombres et autres légumes, selon lhabitude.
hier soir vendredi, nous étions invités, avec oleg, chez la famille dandriy. son père est hyper cool, sa mère est très gentille, son frère est très sympa. on a passé une soirée formidable où on a pu beaucoup échanger. là, au moins, la nourriture était à mon goût ! ! ! elle navait pas danis, ce qui arrangeait beaucoup les plats pour moi. en fait, les surs essayaient certainement de me préparer des petits plats inhabituels et elles croyaient me faire plaisir en cuisinant avec beaucoup de parfums !
nous avons bien sympathisé, à la fin la famille dandriy ne voulait plus me laisser partir. seul oleg, le roi du retard, regardait sa montre en disant quil était temps de rentrer au monastère. cest peut-être à la suite de cette soirée quest née lidée de minviter chez eux, car cest vraiment très petit. deux petites pièces de plus seulement que mon studio à poitiers ! je ne vois pas trop où je vais dormir. mais ils ont compris que je nétais pas quelquun dofficiel, et que je pouvais dormir ailleurs quà lhôtel. cela dit, le repas était somptueux ! et on a beaucoup ri. monsieur tyrhovlis est très très fier que je comprenne son allemand , car ni sa femme, ni ses enfants ne sachant le parler, ils ne croyaient pas vraiment à ses capacités. il est très rigolo. il aime la chasse, les militaires (armée) et les produits made in ukraine, mais il a une façon de présenter ça qui fait rire tout le monde. par exemple, il ne dit pas quil aime la chasse, il dit quil va souvent chasser, mais quil na tué dans sa vie quun seul canard ! il disait cela car je lui racontais que si vivien apprenait que je lavais accompagné pour tuer un animal, vivien serait furieux. il ma donc rassuré à ce sujet. sa maman est très coquette, mais javais oublié son cadeau au monastère ! et je crois que je ne la reverrai plus je lui laisserai quelque chose à son retour, car elle part à odessa chez ses amis avec le frère dandriy, sur la mer noire.
oleg a été étonné que je ne sache pas reconnaître les italiens parmi les ukrainiens, sur une photo. cest que je ne savais pas quil y avait des différences ! maintenant je fais donc tout mon possible pour différencier les ukrainiens des français, mais je trouve rien de très rigoureux (à part les vêtements). leur peau est en général plus basanée, leur nez plus long que les nôtres, peut-être que certains sont plus blonds que nous, mais quand je vois oleg qui est très brun le nez est peut-être le plus fort critère. mais il y a toute sorte de nez ! comment distinguer le petit nez ukrainien dun long nez français ? disons que le leur plonge, et que le nôtre est relevé.
jy ai beaucoup réfléchi, à table, chez andriy ! ! !
jai oublié ma flûte à bec en france. ils auraient voulu que je leur joue quelque chose. et il aurait fallu que japprenne le pater noster, avant de partir, car ils auraient été fiers de réciter la même prière que moi !
le temps est toujours aussi infect (10°c). le père dandriy ma certifié quil navais jamais vu cela à cette période de lannée.
cette nuit, (je nai pas compris pourquoi spécialement cette nuit), nous allons visiter un monastère près de ternopil.
cétait super, le monastère des frères ! un des frères, responsable de laccueil, est un ancien professeur dandriy et doleg dans leur académie. ça faisait deux ans quils ne sétaient pas revus, et ils étaient visiblement tout heureux de se retrouver. nous avons été accueillis en rois, et en cachette, pour que nous puissions rester plus longtemps. arrivés au monastère à une heure du matin, nous y sommes restés quatorze heures. jai appris que ces frères dorment peu (jamais beaucoup plus que deux heures par nuit !). cette nuit était spéciale, ils organisaient une prière en lhonneur de saint pierre et saint paul et invitaient tous les intéressés à y prendre part.
ce frère était très marrant, andriy laime beaucoup, et jai compris que cétait réciproque. il nous a enfermé dans la salle daccueil sur de longs divans pour que nous puissions dormir quelques heures. mais nous avons suivi la prière de la nuit avec eux dans leur très belle petite chapelle pendant cinq heures daffilée sans pause. une heure de liberté nous était accordée ensuite avant le début de la célébration de la messe, le dimanche matin. après cela, nous étions littéralement à bout de fatigue, mais très contents !
le frère nous a invités à prendre le petit déjeuner avec eux : choux, poulet, pommes de terre, thé et café, soupe aux choux. jai eu beaucoup de mal à manger, nayant pas dormi. oleg a demandé de leau plate. très surpris, le frère na pas fait de manière, il a été plutôt impressionné, et est allé chercher leau. quand il a compris que leau était pour moi, il a dit : « si tout mes hôtes étaient comme vous, jaurais moins de travail ! ». cest le seul ukrainien qui ait accepté de me donner de leau aussi facilement. car leau est considérée comme une boisson impropre, et cest très impoli que den proposer à un invité !
puis il ma apporté quelques cadeaux du monastère : une icône, un grand chapelet fabriqué par les frères (ils le portent enroulé autours du poignet peut-être parce que cest chaud), une médaille en bois soutenue par un cordon de cuir et le journal de la communauté, à lire absolument (en ukrainien !). andriy lapplaudissait.
laissez moi vous raconter une anecdote de la messe du dimanche. cétait la première fois que jassistais à une célébration de messe un dimanche. je découvrais donc en quelque sorte les différents rites, quoique je ne comprenne rien aux paroles. ni andriy, ni oleg ne se trouvaient à coté de moi pour mexpliquer ce qui se passait.
si bien quaprès la communion, quand le prêtre a proposé aux fidèles un deuxième pain, je suis restée interdite : quest-ce que cela pouvait bien être ? après avoir pris ce pain, les fidèles baisaient la manche droite du prêtre. tout ça ma bien intimidé, et je nai pas osé y aller. mais la messe terminée, en sortant, une dame ma rattrapée et ma tendu son pain quelle avait gardé pour moi ! jétais très touchée, je ne savais toujours pas ce que cétait, mais je lai mangé. puis je suis retournée voir andriy et oleg qui visiblement mattendaient. andriy ma alors tendu le pain quil avait reçu car il avait vu que je ny étais pas allée. il ma expliqué que cétait un symbole de partage dans la communauté présente mais je lui ai laissé puisque jen avais déjà reçu !
et, me direz-vous, la coupe du monde, dans tout ça ? ce soir cest la finale. andriy ma certifié que nous regarderons la finale ensemble à la télévision chez lui. mais on est un peu fatigué de notre dernière nuit de prières !
« on a gagné ! ». cest la phrase quont appris les polonais qui maccompagnaient dans le car à paris. ils la chantaient partout. je lai apprise à andriy ce soir !
pour loccasion, jai eu droit à encore plus dégards que dhabitude : jétais allongée sur le divan du salon (je prenais toute la place) avec une couverture sur moi, et des tas doreillers sous moi. cest le lit provisoire du père dandriy pendant que je suis accueillie chez eux, donc je lempêche de dormir, car il naime pas le foot. mais jamais il naurait lidée de mempêcher de voir une finale de coupe du monde qui se passe en france et à laquelle participent les français ! il espérait bien, avec andriy, que les français allaient gagner. ils avaient mis à ma disposition tout une panoplie de petits gâteaux et de bonbons de lviv, le tout posé sur un guéridon à la portée de mon bras. eux étaient assis sur des chaises, ce qui me faisait rire, mais ils trouvaient ça normal. jai pu leur montrer jacques chirac et lionel jospin (ils connaissaient déjà les joueurs). dans tout leur commentaire ukrainien, je ne comprenais que les noms des personnes, noms prononcés avec un accent qui mamusait !
jacques chirac avait à peine fini de serrer les mains à la fin que nous étions déjà au lit, fatigués par la nuit de prières que nous avions eue la veille. je vous promets que je nai pas pensé une minute à la finale pendant les prières ! ce nest donc pas à cause de cela que nous avons gagné ! (je dis cela car cest andriy qui men a fait la remarque : il était impressionné que jaie pu assister aux prières jusquau bout et sexpliquait assez bien le phénomène avec le résultat de la coupe du monde !).
aujourdhui, un frère doleg, oleg et une sur du monastère où jétais accueillie quelques jours auparavant nous conduisent en voiture visiter différents monastères situés entre ternopil et lviv. un lieu de pèlerinage avec de magnifiques églises dabord : potchaèv. les mendiants sy ramassent à la pelle.
après avoir visiter les restes dun vieux château en ruines, nous rentrons dans ce lieu saint. pour respecter les anciennes traditions, il me faut porter une jupe quon me prête et que jenfile par dessus mon pantalon et un fichu (quils appellent « rhoustena »). si andriy mavait prévenue, jaurai préféré porter ma propre jupe sans pantalon !).
la grande église est très belle et renferme de nombreuses reliques miraculeuses. la crypte est particulière : elle possède de nombreuses fenêtres qui donnent sur le dehors, car léglise est construite sur une montagne très abrupte. cette église est visible de très loin.
une peinture a retenu mon attention : jésus, seul sur cette peinture, a des yeux très remarquables. où que lon soit dans la crypte, on a limpression quil nous regarde. andriy ma dit que cette peinture est très connue.
de nombreux autres effets spéciaux que je nai pas vraiment mis en évidence se trouvent dans cette crypte.
de léglise, qui est un superbe promontoire, andriy me montre le lieu où nous allons : un autre monastère, piedkamine. les deux frères qui y habitent nous invitent à dîner, et nous partons visiter les alentours : ce sont des grottes dermites, et un paysage superbe que nous découvrons.
je suis à lviv !
nous habitons dans un petit studio de deux nièces doleg (des surs jumelles) qui sont absentes pour le moment. cest le père doleg qui a tout aménagé ici : les peintures murales, le bois des murs, la table, les chaises cest tout plein de coquetterie dans des espaces qui contiennent bien peu de confort (la salle de bain, notamment est très rudimentaire).
les ukrainiens ne peuvent vivre que de débrouillardises, dentraide mutuelle, puisquils ne reçoivent que rarement leur salaire. les possibilités et les bras de chacun se vendent et se revendent à bas prix. cela, les européens occidentaux ne le comprennent pas, car ils ne le croient pas.
voilà une semaine que je suis arrivée en ukraine. je connais mieux andriy et oleg maintenant, et jai pu constaté combien ils étaient différents, ce qui est très bien pour moi, car je suis sans arrêt avec eux. ils se complètent. oleg est appelé « le saint » par andriy, tandis quoleg réprouve certaines habitudes dandriy, notamment celle découter un walkman quand il est dans la rue, ou souvent dans la journée. ce sont de très mauvaises manières détudier la théologie, toujours selon oleg. mais ils sentendent très bien malgré leurs différences.
mais jai eu mon premier incident dans le train pour aller à lviv avec andriy. il mavait prévenu : « tu verras, tu seras surprise par le voyage ». cest vrai, jai ma dose de surprises. ce nest pas un train, ce sont des wagons à gens. on ny tasse pas des bestiaux on y entasse des gens. et on passe quatre heures pour un trajet qui pourrait durer une demi heure en france.
il y a toute sorte de gens, dans le train. dabord, andriy ma présenté une de ses amies de larche qui connaît personnellement jean vanier. elle parlait très bien français et nous avons bien sympathisé. elle partait en france quelques semaines plus tard et revenait dans sa famille avant de partir.
ensuite, la dame à côté de qui nous étions assis était témoin de jéhovah. elle na pas insisté vis à vis de moi car elle a bien vu que je ne comprenais pas ses brochures. mais elle a longuement parlé avec oleg qui visiblement acquiesçait dans tout ce quelle disait, mais nen avait rien à faire. il sest retrouvé avec une pile de journaux sur les bras !
cest là que commence lincident. un monsieur sinstalle derrière andriy et moi. nous parlions anglais entre nous, et oleg remarque que ce monsieur tendait fortement loreille vers nous. jai suggéré à andriy, tout bas de parler français. grave erreur ! ce monsieur parlait un français sans accent, tout en nétant pas français. il était tout content de pouvoir parler avec une française. monsieur était de la haute aristocratie. cest de là quest parti le problème.
jétais française, donc pour lui, jétais déjà quelquun de très bien. par contre, en ce qui concerne les deux jeunes hommes qui maccompagnaient lun était habillé de façon trop correcte et portait une pile de journaux des témoins de jéhovah et quant à lautre, cétait un garçon des rues avec casquette, walkman aux oreilles, blouson de cuir
pour ce monsieur, cétait du « tout jugé ».
après mavoir prévenu contre cette secte de témoin de jéhovah, nous avons parlé de paris, lviv, ternopil, des ukrainiens, des français pour moi, cétait franchement intéressant. cependant, ça commençait à devenir pénible, puisque nous avons parlé environ deux heures sans nous arrêter. lui était au paradis. pour andriy qui ne comprenait pas, cétait beaucoup trop long pour quelquun que je ne connaissais pas. il sest donc fait un devoir de rentrer dans la conversation. le monsieur a dabord trouvé indécent de parler ukrainien, donc il me demandait de traduire en anglais pour andriy. cétait un peu trop me demander comme nous parlions de la façon des plus grands dignitaires de france. de plus, il comprenait très bien langlais, donc jugeait très bien ce que je disais.
là, andriy ma beaucoup étonné, il sest subitement mis à comprendre le français (il a étudié le latin), et a su placer habilement dans la conversation toutes les phrases que je lui avais apprises : « cest la vie », « cest dommage », « oui, je comprends » le monsieur a alors changé dopinion vis-à-vis dandriy et a daigné lui parler un peu ukrainien. puis reprenant le français, il lui a fait comprendre quil avait devant lui une française, et quandriy devait le laisser parler avec cette française. ce quandriy a parfaitement compris sans traduction.
nous avons donc repris la conversation, mais cette fois sur les jeunes ukrainiens, sur lavenir de lukraine. tant quandriy ne comprenait pas, jétais soulagée. mais il a fini par comprendre, et furieux, a voulu sexpliquer : 10 minutes dengueulades et de non compréhension entre monsieur et lui ! oleg ne nous connaissait plus. monsieur avait lavantage puisquil pouvait stopper la conversation à tout moment en parlant français, ce qui ne démontait pas pour autant andriy. puis monsieur sest repris et na plus daigné adresser la parole à andriy, et réciproquement. il ma expliqué quil avait conseillé à andriy de prendre modèle sur les français, un modèle didentité, de stabilité et andriy lui avait suggéré aimablement de sinstaller en france !
jétais bien ennuyée et nous arrivions à lviv. jai quitté ce monsieur en très bons termes. une fois sur le quai, il sest retourné à 50 mètres de moi (100 voyageurs entre nous) et a crié : « claire ! au revoir ! » en faisant de grands signes. jai répondu « au revoir », mais andriy était outré.
jai posé un pied en dehors de la gare de lviv, andriy ne me parlait plus. je nétais pas fière. les explications sur la ville furent bien courtes, ou bien dites avec dédain (« comme te la dit ce mec, pardon ! ce monsieur »).
comme jétais en forme car javais pu enfin parler français après plus dune semaine danglais et de langues inconnues, javais de limagination. jai donc commencé par payer moi-même notre pain avec un billet que ne connaissait pas la boulangère qui, après lavoir tourné dans tous les sens, a fini par laccepter. enfin jai raconté des histoires sur les monastères français (jai expliqué la tactique des moines qui parlent en marchant), et jai joué au clown en pantalon en chaussant des chaussures à haut talons et pieds fins. la guerre était finie entre nous, nous avons bien ri.
il faut que je vienne à lviv pour voir des maoris de nouvelle-zélande ! ils étaient en grand spectacle dans les rues de lviv le soir de mon arrivée. jai reconnu une chanson de marie, la néo-zélandaise que nous avons accueillie un an à la mothe, avec les gestes. mais cétait du traditionnel bien renouvelé. les habits étaient réels, ce qui faisait rire tout le monde, et ce qui attirait beaucoup les regards
pour ce que jai vu de la ville, pour linstant, de celle quon nomme « le petit paris », voici ce que jen retiens : je préfère lviv à paris pour son espace, pour ses couleurs. à paris, les éclairages découvrent souvent des murs noirs. ici, il y a peu de lampes, (elles sont éteintes), mais les couleurs des maisons sont chaleureuses, et les rues sont agréables pour leur espace pour piétons.
les plus grands hôtels nont pas la « gueule » de ceux de paris. paris montre ses carrés miroitants et lviv ses rues chaleureuses.
andriy et oleg connaissent bien la ville. ils me citent tous les noms avec leurs dates, leur histoire. selon eux, lviv est impossible à visiter en trois jours. ils mont dit quils my emmèneraient une seconde fois.
je profite de lviv pour acheter des cartes postales, car à ternopil, je nai trouvé quun modèle dans toute la ville ! mais ici encore, le choix nest pas grand. ils proposent une gamme de dix cartes, que lon retrouve partout, et on ne peut trouver plus. andriy ma demandé pourquoi je voulais des cartes postales : apparemment les ukrainiens nen achètent jamais.
le hasard a voulu que je rencontre la seule personne que je connaisse à lviv : nous avions chacune rendez-vous avec quelquun au même endroit, à la même heure, et ces personnes ne sont pas venues. jai donc revu sur serafima (cest sous ce nom que je la connais) qui a quitté sa congrégation.
elle a dû reconnaître andriy, est venue, et puis ma reconnue. moi, il ma fallu du temps. mais comme elle semblait me connaître, jai cherché et jen ai déduit que cétait elle. elle est complètement changée sans son habit de religieuse du temps des j.m.j. !
nétant pas parvenue à la joindre, elle ne savait pas que jétais en ukraine ! surprise ! ça ma fait plaisir.
ce soir, nous sommes tous les trois absolument crevés. cest à peine si nous arrivions à nous supporter. lviv un jour, ça me suffit ! dans ces cas, là, un de nous trois passe professeur et les autres apprennent des rudiments de la langue du professeur ou des chants du pays. ces moments durent généralement plusieurs heures, nous sommes contents de ne plus utiliser langlais entre nous.
un soir, nous avons improvisé un jeu : jétais larbitre, et andriy et oleg, chacun leur tour, proposait un mot quil connaissait en français. il était interdit de redire deux fois un même mot. le gagnant serait celui qui proposerait toujours de nouveaux mots alors que lautre serait débordé. au bout de presque deux heures de ce jeu (ils piochaient chacun beaucoup dans le latin), jai déclaré match nul !
nous sommes enfin parvenus à joindre olena et andrei que connaissent les griffault de salles. je devrais les voir demain. ce nétait pas prévu dans le programme dandriy qui espère que lentrevue ne sera pas trop longue, car nous avons encore beaucoup de choses à voir dans lviv !
nous nous promenons dans la ville sans arrêt. nous avons visité un musée des vêtements et outils traditionnels ukrainiens, tout étant classé par région (montagnes, plaines ). les habits mont beaucoup intéressée.
ils mont emmenée au musée où sont exposées en pleine nature des maisons et des églises en bois. ce musée, presque dans la ville de lviv et dans une belle forêt, est absolument magnifique ! chaque maison est gardée par une dame qui en a la responsabilité. si cette dame a envie de vous faire rentrer, elle le fait. si elle a vraiment une bonne opinion de vous, elle vous donne des explications et peut vous montrer des petits coins non vus par tout le monde. cest amusant de participer ainsi à la vie du musée ! pour comble de malheur, je navais plus de photos ! mais cétait tellement superbe que tout est resté dans ma tête.
jai également fait le tour des quatre citadelles de lviv (dont deux sont en piteux état), ce qui nous a permis de visiter leur intérieur.
nous sommes montés sur un petit mont qui surplombe la ville : vue magnifique avec un temps superbe !
nous avons presque fait le tour des églises de lviv. andriy et oleg connaissant le prêtre responsable de la cathédrale (il nétait pas évêque). ce prêtre qui parlait un anglais excellent nous a fait visiter lintérieur de lévêché, puis ma introduite auprès dun autre prêtre qui lui, était français !
ils mont fait visiter un musée dicônes. comme ils sy connaissaient, cétait très intéressant pour moi qui nai pas lhabitude de lire une icône. jai eu droit à une explication pour chaque icône ! mais si lexplication ne venait pas, je la demandais : je voulais minitier ! quand, quelques jours plus tard, jai visité les statues déglises que contient le louvre (!), jai été déçue, car nayant pas de connaissance sur le sujet, je les ai trouvées vide de sens par rapport aux icônes !
une petite anecdote : andriy et oleg étant étudiants à lacadémie de théologie de lviv, ont cherché à visiter la partie du musée concernant les icônes gratuitement. la dame na rien voulu savoir, et nous avons donc payé le tarif étudiant : 3 f par personne. étant restés suffisamment longtemps devant chaque icône, elle a acquis la preuve de ce quils avaient avancé à propos de leurs études, et nous a remboursé les tickets à la fin de notre visite !
une deuxième petite anecdote : jaime beaucoup la forme des képis portés par tous les gendarmes et militaires ukrainiens. dès que jen vois un ou une petite troupe, je demande à andriy daller les voir de plus près ! jaimerais bien prendre une petite photo, mais ce nest pas très évident. je pourrais me faire arrêter et leur demander une photo souvenir, puisque le père dandriy pourrait ensuite arranger laffaire ! mais andriy ne semble pas daccord. il me propose dattendre une autre occasion, car beaucoup de personnes de profession différentes portent ce genre de képi. alors je compte le nombre de képis ukrainiens que je croise par jour !
ça y est, lviv, cest fini ! andriy ma promis que nous y retournerions, parce que nous navons pas fait ce quil voulait que nous fissions. cest quon ne sennuie pas, avec lui je nai pris que 5 photos à lviv ! ! ! parce que ces ukrainiens, ils ne connaissent pas les appareils photographiques jetables, et moi javais fini le mien, et mon deuxième était resté à ternopil
aujourdhui nous allons dans un deuxième lieu de pèlerinage aussi connu que potchaèv : zaranetsia. cest le père dandriy qui nous emmène dans sa « voiture nationale ».
on doit se lever à 7 : 00, ce qui fait 6 : 00 en france. mais je narrive plus à dormir donc jen profite pour écrire. maintenant il fait beau tous les jours, mais suffisamment pour rester en pantalon quand même !
je me suis acheté un dico français ukrainien hors de prix pour eux : 18 f ! par contre, les voyages en train place assise coûtent dix fois moins cher si tu vas loin. il vaut mieux partir de ternopil que de lviv pour retourner en france, car cest plus loin donc moins cher ! reste quil faut supporter les « fourgons à gens que sont leurs trains lors du retour de lviv à ternopil, andriy ma interdit de parler français ! mais il ny a pas eu de problèmes, et jai pu lui apprendre la carmagnole et la marseillaise. depuis, il voit les français comme des tueurs !
bref, nous sommes revenus enchantés de notre petit séjour à lviv. on a pu rencontrer quelques copains dandriy et doleg, mais pas le principal copain dandriy. il est déçu, il voulait que je fasse sa connaissance.
ils mont offert la carte de lviv !
andriy a un projet dans lair : aller à lambassade de france à kiev pour prolonger mon visa. moi, je ne demande que ça ! mais je naurai jamais assez de photos ! heureusement, andriy me propose son appareil.
bon, je les entends se lever, je vais faire pareil.
nous revenons juste du pèlerinage de zaranetsia, car il y avait une fête particulière (anniversaire dune icône ? ) avec un pèlerinage annuel. nous navons pas fait le pèlerinage à pied, mais en voiture ! le paysage était magnifique, de la nature sauvage partout ! mais sur le lieu, tout petit, il y avait la foule de lourdes, à la seule différence que la foule parle ukrainien et porte les vêtements traditionnels.
andriy,oleg et moi avions sorti nos propres vêtements
traditionnels ukrainiens pour lévénement. nous y
avons retrouvé le frère (un des frères) doleg
qui est prêtre, et un autre prêtre de lviv qui est responsable
de la paroisse de lviv, et qui nous avait accueillis quelques jours auparavant.
nous avons vu de nombreux amis dandriy aussi.
je vais certainement changer de lieu daccueil, et aller chez la tante dandriy qui est absente en ce moment. jy habiterai toute seule. parce quici, ce nest pas vraiment prévu pour moi.
jai lavé trois paires de chaussettes. andriy est furieux car je nai pas demandé deau chaude : cest que je suis incapable dallumer leau chaude toute seule, ce qui nest pas très pratique, notamment pour prendre mon bain ! dans ces cas là, andriy et son père font couler leau avant mon bain, puis viennent fermer les robinets après mon bain ! mais en ce qui concerne les chaussettes, ça se lave très bien à leau froide, je trouve ! le problème, cest que létendoir se trouve au dessus de la table de la cuisine, à la vue de tous. ce qui a fait, à mon avis, accélérer les procédures de changement dappartement pour moi. tout sest très bien passé avec andriy et son père, mais je comprends quau bout dune semaine, ils en aient marre. je vais sans doute faire mon sac ce soir.
on vient de voir ça ensemble : je pars maintenant. cest dommage, car je naurai pas mon cours dukrainien aujourdhui.
je crois quandriy est un peu crevé aussi de devoir toujours faire quelque chose pour moi. il na plus de temps pour lui. mais il insiste pour quà kiev, on essaie de prolonger mon visa.
ils me proposent de changer dappartement pour me laisser plus dautonomie. jai vite accepté car cela permettra au père dandriy de réintégrer son lit, et à andriy davoir un lit ! et je pourrai faire ma petite lessive tranquille !
le père dandriy est vraiment super cool, rigolard mais selon andriy, il lest toujours sauf au bureau ! effectivement, je lai vu rentrer une fois en costume strict, cravate noire, chapeau je nai pas pu mempêcher de rire en le voyant ! il sest tout de suite changé pour mettre un jogging !
voilà ma nouvelle situation : je suis chef dappartement, au 8ème étage dun immeuble ! je suis toute seule chez la sur de la mère dandriy qui est actuellement absente. cest relativement grand, et assez chic. lhôtel quatre étoiles pour une personne. maintenant, il faut que je moccupe de la nourriture, de la vaisselle, des plantes car en tant quhôte, jusquà présent, je navais rien le droit de faire ! sinon, cétait considérer la famille qui reçoit comme non capable de me recevoir. cest donc andriy, son père, et oleg qui ont toujours fait cuisine et vaisselle pour moi pendant que je faisais autre chose !
ici, cest plus simple, le système deau est moderne, donc grand luxe : je suis capable de lutiliser sans laide de quelquun ! sauf quil est 23 : 00 heure passé et les horaires deau au robinet sont à peu près de 7 : 00 à 9 : 00 le matin et de 18 : 00 à 23 : 00 le soir. jai du mal à penser à ces horaires !
jai voulu faire un tour dehors histoire de voir sur la carte où jhabitais dans ternopil. le problème, cest que je suis restée 20 minutes à essayer douvrir la porte dentrée ! je nose plus men aller.
cest un quartier où il ny a que des immeubles, où tous les enfants du coin se retrouvent pour jouer au ballon le soir, et faire du skateboard. à part les arrêts de bus, cest tout ce quil y a dans le quartier. si, un magasin, je crois. tiens, ben les toilettes qui font du bruit (leau coule sans arrêt) ne font plus de bruit puisquil ny a plus deau à cette heure-ci ! cest ingénieux.
leau nétant pas potable, je ne vois vraiment pas ce que je peux boire. heureusement, il me reste un fond de bouteille de leau de la mothe qui me reste du voyage ! ! ! andriy ma dit quil mapporterait de leau demain matin à 8 : 00. je veux bien, mais il habite à 1 heure à pied dici !
cest sûr, je vais manquer de photos. andriy va me trouver un appareil, et moi je vais acheter des pellicules. cest que je ne pensais pas faire autant de choses en ukraine ! cest vrai, jai eu beaucoup loccasion de faire des photos.
dans le salon il y a une lampe à cinq ampoules. mais traditionnellement, seule une ampoule fonctionne. lélectricité coûte chère. le gaz, par contre, ne coûte rien, et il nest pas rare que les ukrainiens le laissent allumé toute la journée !
il se pourrait que dans deux jours on aille à kiev.
il a fait très chaud aujourdhui. jai pris le bus avec andriy : cest fou ce que cest inconfortable. mais je nai pas eu le temps dy penser tellement cétait nouveau pour moi. sinon je commence à mhabituer aux choses qui mentourent.
jen ai encore appris une bonne aujourdhui : lappartement dans lequel jhabite possède une ligne téléphonique « made in russia ». cest très spécial, jai eu loccasion den faire la connaissance. en fait, cela signifie que vos voisins ont la même ligne téléphonique que vous. si votre voisin téléphone et que vous décrochez, vous pouvez ainsi participer à la conversation. personnellement, ce qui est arrivé, cest quandriy avait mal remis le combiné à sa place, et que la ligne est ainsi restée occupée plusieurs heures. les voisins ne pouvant plus téléphoner se sont mis à sonner chez moi, mais ayant reçu lordre formel de ne répondre à personne, je me suis gardée douvrir. par hasard, jai entendu le « bip » du téléphone dans le combiné qui sonnait « occupé » et jai compris. aussitôt les voisins ont arrêté de sonner.
lhiver, les bus sont très froids, et lété, ils sont étouffants. je ne me plaindrai plus jamais des bus de poitiers. par contre, il y a tellement plus de bus ici quà poitiers ! il y a des circuits en continu, et les bus sont archi pleins, avec des lignes partout. pas comme à poitiers
les contrôles sont beaucoup plus stricts quà lviv, tout en restant très ukrainiens. en plus du conducteur, il y a deux contrôleurs qui vendent les billets. cest là que se cache la principale différence avec la france : les contrôleurs ne vous demandent pas vos billets, mais demandent si vous avez besoin de billets. si oui, ils vous en vendent. donc ils ne donnent jamais damendes ! à lviv, il ny a pas autant de contrôleurs par bus, et andriy ma avoué quil voyageait souvent gratuitement. le bus qui relie la maison dandriy à ici est de lordre de 1 f le trajet. mais andriy ma expliqué quen gardant les tickets, on peut quand même les revendre moitié prix à la dame qui est contrôleur et vendeur de billets !
ils ont deux sortes de bus : les vieux bus inconfortables et classiques, et des fourgons « peugeot » (si ! ! !) qui sont fabriqués spécialement pour les pays de lest (je nai jamais croisé ces fourgons ailleurs quen ukraine !). les ukrainiens les appellent « des peugeot », tout simplement. en effet, il est important de les différencier des autres bus dukraine, car le prix du trajet diffère : il est de 30 centimes de plus ! il faut dire quils sont plus confortables, en particulier sur les routes « à trous » comme il est fréquent den rencontrer là-bas. ils sont également à peine moins chauds en été, à peine moins froids en hiver et tout le monde doit y être assis.
en été, les bus ne ferment généralement pas complètement le capot qui protège leur moteur : cela permet une ventilation plus importante !
aujourdhui, on a fait la visite du lac de ternopil. cest un beau lac, assez étendu. on la traversé en bateau par sa moitié, et on est revenu à pied. ça nous a pris trois bonnes heures ! lété les gens sy baignent et lhiver ils y patinent.
il y a beaucoup moins de choses à voir à ternopil quà lviv, mais andriy aime beaucoup sa ville. donc jai droit à une visite détaillée de cette ville plus grande que poitiers.
à la gare de ternopil, nous achetons nos billets une heure à lavance seulement, car cest moins cher. mais nous nobtenons que des places éloignées dans des wagons différents.
après lheure dattente, je découvre les wagons couchettes ukrainiens. il ny a pas de compartiments, tout le monde est ensemble. trois couchettes plus loin de nous, une dizaine de militaires parlent fort et cherchent de lalcool. ils ne se tairont que vers deux heures du matin quand lalcool aura eu raison deux. ces wagons sont étouffants, trop pour dormir, et les odeurs ne sont pas plus fraîches.
andriy et oleg nosent pas me laisser seule, ils se relaient pour rester avec moi. nous profitons de la nuit pour échanger des points de vue théologiques !
à 4 : 30 du matin, il fait déjà complètement jour et la radio ne tarde pas à ronfler dans tout le train (ce sont des chansons populaires de kiev). tout le monde se réveille, sauf les militaires. mais sur le coup de 6 : 00, je me suis effondrée. arrivée à 6 : 30 à kiev, jétais dans le pâté, je ne me souviens que de ma lutte contre le sommeil. on a dû prendre le métro dans une station. après, dodo ! mais nous avons peu dormi. volodia (wladimir), le copain doleg qui nous accueille nous emmène faire un tour dans kiev.
pendant 5 jours, nous avons énormément marché, et finalement nous avons visité peu de musées. mais il y a déjà tellement de choses à voir rien que dans les rues !
nous avons passé beaucoup de temps dans lavra, un vieux quartier où se concentrent beaucoup de lieux religieux : églises, monastères, tombes, musées, réfectoires pour les moines les voitures ny rentrent pas, ce qui fait de ces lieux un quartier calme et agréable, malgré la chaleur qui pèse sur nous. il y a des fontaines (deau plate !), à tous les coins de rue. jen profite pour faire des réserves deau (cest andriy qui porte).
les églises sont très belles. ce qui ma le plus frappé est léglise saint andré car elle est située sur un mont boisé et de son parvis part une large rue pavée qui descend vers la ville en serpentant entre les cabarets, les restaurants cette rue est superbe.
je peux remarquer de nombreux cimetières déglise, dans kiev qui portent les inscriptions : « eglise st construite en par . superbe édifice qui a été détruit 3, 4 ou 5 fois puis totalement rasé en ». il ne reste que quelques rares fondations par-ci, par-là. volodia, andriy et oleg contemplent quelques temps les restes et ne disent rien. je respecte leur silence.
tout kiev est parsemé de statues ou de constructions diverses relatant un événement ou une idée datant de lempire soviétique. cest assez horrible à voir, car cest dun goût douteux : rêves didéaux, espoirs de désespérés partout
les ukrainiens passent sans regarder alors que ces monuments sont faits pour crever les yeux, ils surmontent les arbres, ils surplombent la ville à plusieurs endroits. moi ils mintriguent, et jai eu lidée den prendre un en photo. aussitôt andriy sest retourné et ma demandé méchamment : « pourquoi as-tu pris ça ? » je navais pas de réponse sauf que cétait inhabituel pour moi. je nai pas osé recommencer.
à la fin du séjour, ils riaient de ces monuments avec un humour noir.
kiev : une ville marquée par le communisme
en
face du musée ste sophie (ancienne église devenue musée)
se trouve une autre église qui a été totalement
détruite pendant la guerre. mais nous pouvons assister aujourdhui
aux derniers travaux de constructions : les ukrainiens lont
reconstruite telle quelle était avant. andriy était
très fier de cette église. il avait, lannée
auparavant, suivi à la télé linauguration du chantier
de cette église. à lintérieur, les peintres
saffairent, on peut les regarder peindre des effigies de saints aux
murs. certains peintres semblent très jeunes.
puis nous avons évidemment visité le musée sainte sophie ! cette église est immense et très belle. sa particularité est de présenter autant de peintures que de mosaïques sur ses murs.
les alentours sont également agréables : un musicien joue dun instrument à cordes totalement inconnu de moi dans le jardin. il chantait toute sorte de chansons, les passants sarrêtaient et faisaient cercle autour de lui pour chanter avec lui. à la fin de chaque chanson, il y avait une pose photo : ceux qui avaient chanté avaient le droit de poser à côté du musicien. andriy et oleg connaissaient cet instrument et mon dit le nom, que jai aussitôt oublié !
nous avons visité deux réfectoires de moines. ces réfectoires sont attenant à une église ou une chapelle, car ils allaient prier une fois le repas fini. laccès église-réfectoire est direct, cest ça qui est amusant !
nous avons été accueilli par volodia, un ami doleg. il est très marrant, aime beaucoup chanter et joue très bien de la guitare. le soir, donc, quand il navait pas trop bu, nous chantions les refrains de taizé quil connaissait ou il chantait des chansons sur lviv ou kiev. certaines étaient même de sa composition. mais je ny comprenais pas grand chose ! leurs chansons nont pas le même style que les nôtres, elles sont moins « ritournelles » et donc, selon moi, plus difficiles à apprendre. andriy (peu musicien) a essayé de men apprendre une courte, mais jen suis toujours aux deux mêmes premières phrases ! entre temps, lui, il a appris 5 ou 6 chansons françaises dont une quil connaît bien :
quand le cheval de thomas tomba,
comment thomas ne tomba t-il pas ?
matthieu dit quil na pas vu tomber thomas,
thomas tomba t-il ou ne tomba t-il pas ?
il arrive à la chanter très vite, mais a plus de mal quand cest lent.
pendant les vacances, volodia travaille dans une agence qui soccupe de visas (?) donc il nétait pas toujours avec nous. il connaît kiev particulièrement bien (il est russe mais parle très bien lukrainien car il a étudié quelques années à lviv avec oleg) et nous a fait faire plein de ballades super dans kiev. il habite assez loin du centre ville (il faut dabord prendre un tramway puis le métro), mais possède un studio suffisamment large pour nous accueillir tous les trois. il a été décidé que je dormirai avec lui chez ses parents qui habitent à ¼ dheure à pied de chez lui. je dis cela car un soir, après sa journée de travail, volodia nous a ramené une bande de copains qui avaient bu, tous autant que lui. andriy et oleg ont refusé que je parte avec lui le soir, et jai donc dormi sur place.
jai bien compris que lalcool était le point faible de beaucoup de gens, dans ces pays là peut-être plus quen france.
mais, chez les parents de volodia, jai pu goûter de lalcool de fraise : délicieux ! (je sais marrêter moi).
chose curieuse, andriy dordinaire très agréable, sest mis à avoir très mauvais caractère pendant tout son séjour à kiev. il aimait bien volodia, mais volodia est russe et tous ses amis sont russes. andriy ma avoué que les « bains de russes » nétaient pas pour lui plaire, car ils ont un caractère qui ne lui revient pas.
il y a beaucoup de russes à kiev. et les jeunes ukrainiens de kiev parlent aussi russe que les russes, puisque lukrainien était interdit pendant la période soviétique. maintenant, tout le monde réapprend lukrainien, ukrainiens autant que russes. à ternopil et à lviv, qui sont plus à louest de lukraine, les choses ne se passent pas comme cela puisque les ukrainiens sont toujours restés plus ou moins nationalistes, et nont pas perdu leur langue. andriy a été très déçu de sa capitale sur ce plan là. pour rien au monde il ne voudrait partir étudier à kiev !
laissez moi vous décrire une partie de la salle de bain de volodia : les toilettes en particulier. elles fuyaient autant que toutes les autres toilettes que jai rencontrées, donc là nest pas le côté intriguant de la chose. le dessus du réservoir étant cassé en deux, volodia la jeté, laissant tous les mécanismes visibles ce qui laisse perplexe car on se rend facilement compte que le mécanisme de la chasse deau est cassé lui aussi ! on comprend quil faut soi-même soulever le bouchon qui se trouve au fond du réservoir deau pour que leau sécoule dans la cuvette ! je navais encore jamais vu ça !
un soir, je suis partie avec volodia chez une de ses amies (russe) qui parlait très bien le français. cest donc la première fois que jai pu converser librement avec une dame. jai pu lui poser toutes mes questions au sujet des femmes ukrainiennes, questions auxquelles andriy et oleg ne se sentaient pas concernés ou sur lesquelles ils avaient une idée trop arrêtée.
jai remarqué que les femmes dans les rues sont dune élégance différente de celles de paris. les parisiennes recherchent lindépendance plus que les kyéviennes, qui elles, attendent plus dattention et daide de la part de la gente masculine.
quand je suis descendue dun bus, dun train ou que la route était difficile, toujours un homme ma tendu la main, quand andriy ou oleg se trouvaient derrière moi. au début, nétant pas du tout habituée à ce genre dattention, je nosais pas prendre la main tendue et je répondais que je navais pas besoin daide. quand jai vu plus tard que ces manières étaient répandues, je me suis mise au goût du jour. dans le métro, peu dhommes sassoient. sils en ont loccasion, cest souvent pour se relever et laisser la place à une dame qui monte. quand, arrivée à paris lors de mon retour, je suis montée dans le métro en portant mes deux sacs à dos, pas un de ces messieurs ne sest levé pour maider à me décharger ou me proposer une place jai compris que javais changé de pays !
cette dame russe ma également beaucoup parlé de son enfant de 3 ans. dans ce pays ou tout est incertain, elle est inquiète pour lui car elle ne sait que penser au sujet de l avenir de son fils. jai remarqué que tous les ukrainiens et russes résidant en ukraine ont la même réponse au sujet du futur. dun air résigné, ils répondent : « on verra, on ne peut pas savoir ». ils nont pas tous beaucoup despoir.
jamais un français ne dirait cela. jamais je nai rencontré un jeune français, même avec le chômage qui grandit, qui en était rendu à ce point là. là bas, cest une tendance nationale. andriy ma dit cette phrase, oleg aussi, les surs aussi, seuls les parents ne disent rien, ce qui est peut-être pire. eux sont encore plus en danger : quand ils sont à la retraite, ils nont vraiment plus rien. mais ils ne sen plaignent jamais.
cest dur de dire au revoir à chacun. pour la circonstance jai fait un saucisson glacé avec les moyens du bord (jai trouvé deux boites de « petits beurre » à kiev, portant la véritable appellation en français de « petits beurre » mais fabriqué en turquie - et le goût nétait pas le même). tous veulent encore faire quelque chose pour moi, et les parents dandriy moffrent un véritable képi (ce quils appèlent « fourrajka ») datant de lempire soviétique ! cest le leur, la maman dandriy la porté ! nous avons pris nos dernières photos avec (elles sont restées en ukraine), car décidément, ce style de képi me plait beaucoup. puis le père dandriy décide de me faire conduire sa voiture, fameuse voiture nationale ! tout en portant le képi russe (selon le père dandriy cétait une magnifique occasion de le porter, car on ne nous arrêterait pas), me voilà sur les routes (non passagères) dukraine au volant de la « national car » ! les règles ne sont pas tout à fait les mêmes quen france : primo, surtout ne jamais faire ronfler le moteur qui ne le supporterait pas. secundo, passer au point mort à la moindre petite descente pour économiser lessence et la voiture, puis repasser une vitesse dès que la pente est terminée. toutes les voitures faisant comme cela, ce nest pas dangereux. la spécialité des voitures ukrainiennes est donc de davancer plus vite dans les montées (si elles ne sont pas trop chargées) que dans les descentes ! enfin tertio, ne jamais dépasser le 60km heure à cause des trous à éviter sur la route et des policiers à éviter également sur les routes (à chaque entrée et sortie des principales villes se trouve une petite embuscade permanente de gendarmes qui peuvent vous arrêter et vous fouiller). le père dandriy connaît bien les routes où il ny en a pas, et en cas de problème, il montre toujours sa carte davocat. on le laisse toujours tranquille.
cette fois je reviens vers la pologne en bus ukrainien, et non en train polonais. cest moins cher, cest moins long, et de toute façon, il faut que je dorme à lhôtel à rzeszów. on procède aux derniers échanges de cadeaux (joffre un parfum à la maman dandriy qui en retour moffre un fichu jen avais tant cherché !, et oleg arrive, portant le tee-shirt « décathlon » que je lui avait offert pendant les j.m.j. avec à la main un second fichu pour moi !).
le chauffeur me propose gentiment de mettre mon sac à dos dans la soute (ce nétait pas compris dans le prix de mon billet), car personne dautre na de gros sac comme le mien. surprise : la porte de la soute à bagages nest fermée que par un seul boulon que tout le monde peut dévisser, et la taille de la soute est non moins surprenante : on ne pourrait loger que trois sac à dos comme le mien ! heureusement que le bus nest pas plein !
je voudrais rester. nous reverrons-nous ? bien sûr, je les ai tous invités à la mothe-saint-héray, mais une invitation reste une invitation. sil ny avait pas ces problèmes de visas, cest sûr, je serais restée un mois de plus ! cest lheure, le bus démarre et je quitte ternopil. jai beaucoup de voisins, mais je nai pas envie de parler. je pense à tout ce que jai pu faire ici, et à tout ce quon a fait pour moi, ici. jai largement de quoi penser jusquà mon arrivée à rzeszów pour ne pas avoir besoin de parler.
mais je ne pouvais pas prévoir que jallais être dérangée dans lénumération de mes nombreux souvenirs ! en effet, aux abords dune ville (lviv, certainement), tout le monde descend. je décide de rester dans le bus, mais le chauffeur me fait signe quil faut descendre. andriy ne mavait pas prévenue quil y avait un changement ! mais je remarque que les voyageurs laissaient leurs affaires dans le bus : je comprends donc que le chauffeur tient à ce que ses passagers prennent lair. cest bien ! mais ce nétait pas du tout ça. jétais à peine descendue que le bus a démarré et est reparti sur la nationale ! jétais un peu embêtée ! il a donc bien fallu que jinterroge quelquun, et jai fait la connaissance dune jeune fille (17 ans) de ternopil qui voyageait avec son père. elle parlait un allemand très scolaire, mais peu à peu, nous avons appris à nous comprendre. elle ma expliqué (il a fallu ¼ dheure) que le bus allait revenir dans ¾ dheure. jétais soulagée, et nous avons largement discuté après. une de ses grand-tantes vivant en france à lens, elle était très heureuse de rencontrer une française (cétait peut-être la première fois quelle en voyait une), et elle a tenu à ce que nous gardions contact. elle ma ensuite montré des photos de ternopil sous la neige : cest magnifique ! jai pu voir le théâtre de ternopil avec des chevaux attelés à des traîneaux galoper sur les routes enneigées ! cest sûr, il faudra que je revienne à ternopil en hiver un jour !
les frontières furent très longues à passer environ 3 heures (le temps avait subitement changé, il y a eu un superbe orage, avec des trombes deau). les douaniers ont reniflé, testé, goûté les pique-niques de chaque voyageur du car, sauf le mien ! en effet, voyant mon imposant sac, le douanier ma demandé « alcohol ? tsigaretten ? ». je me suis empressée de répondre « nie tchoho » ce qui veut dire « rien ». la réponse lui a suffi, et je nai pas eu besoin douvrir mon sac.
la jeune fille que javais rencontrée racontant ce quelle savait de moi à son père, ils ont tenu ensemble à maider dans la ville de rzeszów à notre arrivée ! son père a cherché lui-même lhôtel le moins cher, my a conduit en portant mes bagages, ma emmenée au distributeur automatique de billets le plus proche pour que je puisse sortir de largent polonais, et ma indiqué les cabines téléphoniques pour que je puisse appeler à ternopil et prévenir que javais tout trouvé ! la famille dandriy était rassurée.
le retour en france ma semblé très long, beaucoup plus long quà laller. a laller, jétais captivée par tout ce qui était nouveau et par tout ce que jallais vivre dinhabituel, et au retour, je ne me posais quune question : « quand retournerai-je en ukraine ? ». étant incapable de répondre à cette question, je jurais contre les visas et la longueur du trajet
jai quand même réussi à dormir six heures dans le car ! lhôtesse nen revenait pas. moi non plus, dailleurs. cest que je devais être fatiguée !
nous avons passé beaucoup de temps à chaque frontière, y compris la frontière française. les français narrêtaient personne, mais quand ils ont vu le car polonais, ils se sont écriés : « des russes ! » et tout de suite, trois militaires, mitraillette aux mains, ont entouré le car. personne navait le droit de sortir. le premier mot que jai entendu fut « bonjour ! » sans aucun accent ! je me suis sentie en france dès que jai entendu ce mot ! la question était : « combien y a t-il de russes dans le car ? ». les polonais ont répondu : « un ukrainien ». nous sommes restés là ¾ dheure, le temps de vérifier les papiers et détablir le visa du seul ukrainien du car. les douaniers nont rien demandé aux autres personnes.
quand nous sommes repartis, un enfant du car sest écrié « frantsia ! » avec tellement de joie que tout le monde a ri. mais tout le monde était aussi content que lui darriver enfin ! jai un peu parlé avec lukrainien (qui était mon voisin car il avait lu les inscriptions ukrainiennes sur mon sac écrites par andriy : « bienvenue à lviv », mais jai vite quitté tout le monde pour me reposer enfin dans mon pays ! jétais tellement surprise de pouvoir lire toutes les inscriptions sur les panneaux publicitaires que je les lisais et les relisais tout en pensant : « cest du français ! ».
je suis passée deux jours chez marina (de la même m.s.t. que moi à poitiers) en stage chez servier, deux jours que nous avons passés à visiter et à papoter sur son stage et sur mon voyage. cétait sympa !
jai beaucoup de monde à remercier, à commencer par tous les ukrainiens que jai pu rencontrer (ils ne liront pas cela en français), et par ma famille (au sens large) et mes amis qui mont soutenue et aidée psychologiquement avant, pendant et après mon voyage pour les problèmes de papiers, de délais et autres difficultés. merci à jean-pierre griffault pour toutes ses informations qui mont été bien utiles.
je suis contente davoir pu réaliser ce petit mémoire de vacances pour moi, mais également pour vous qui le lisez : cest un peu long, mais les impressions dun moment peuvent sécrire sur plus de pages encore que cela ! jai appris beaucoup de choses en trois semaines, et je ne demande quà en apprendre davantage ! surtout, si vous décidez daller en ukraine pour un moment ou pour plus longtemps, prévenez-moi ! ! !
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