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Année 1980 : La Rosière à la sortie de l'église Selon la tradition, la nouvelle mariée sort au bras du Maire. CONSEIL : Cliquez sur la photo pour l'agrandir (692*478) |
En France l'idée de distinguer les jeunes filles méritantes ne date pas d'hier.
Dans les années 500 on décerne à une jeune fille le prix de la vertu en lui donnant une couronne de roses. Par la suite, s'étendant à plusieurs autres communes de France, l'usage y ajoute un bijou et une somme d'argent.
Actuellement si certaines communes continuent à organiser
des "Fêtes des Rosières" ce ne sont que des manifestations folkloriques.
Une seule en France perpétue la tradition dans
sa totalité, avec mariage et dotation :
c'est La Mothe-Saint-Héray.
Le 23 avril 1749 nait à La Mothe-Saint-Héray Charles-Benjamin CHAMEAU, quatrième fils de Pierre CHAMEAU, sieur des ORTIOUX, marchand de drap et de soie.
En 1811, il perd son frère, et aprend que celui-ci l'a déshérité au profit de ses deux nièces. Profondément affecté il dicte quelques années plus tard un testament par lequel il déshérite lui-même celles qu'il accuse de l'avoir dépouillé et dote son pays natal auquel il est resté profondément attaché.
C'est donc non à un pur élan de générosité mais, tout au moins partiellement, à l'assouvissement d'une rancune que La Mothe doit sa grande fête locale.
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L'actuelle "Maison des Rosières", que les touristes peuvent admirer, a été largement restaurée depuis que Charles-Benjamin CHAMEAU en a fait don à sa commune natale. Sous le balcon, une plaque de marbre, conformément au voeu du testateur, porte le nom de l'Établissement. |
De 1821 à 1994 inclus, 358 Rosières ont été
couronnées, 353 sont inscrites aux registres des mariages de La Mothe-Saint-Héray.
Toutes les Rosières sans exception, se sont mariées
religieusement à l'église de La Mothe-Saint-Héray.
Les registres de mariages paroissiaux font foi en la matière.
Au cours des temps cette tradition apporte à de jeunes ménages damarrant dans la vie une aide qui, bien qu'en constante diminution comparativement aux origines, n'en reste pas moins appréciable.
En 1821, la dot de 700 francs correspond environ au montant du salaire annuel d'un ouvrier.
En 1994, la dot s'élève à 9000 francs, le don du Comité des Fêtes à 2500 francs, le Crédit Agricole offre un voyage de 8 jours et le Crédit Mutuel ouvre un compte tandis que le Maire et les adjoints offrent un appareil électro-ménager.
Par ailleurs ces "épousailles" sont l'occasion d'une fête locale importante par les animations qu'elles motivent et l'affluence qu'elles attirent. Pour les familles de La Mothe et particulièrement la jeunesse, ce sont trois journées où l'on s'en donne à coeur joie et où, souvent, l'on invite de la famille ou des amis de l'extérieur.
Actuellement, les festivités s'étalent du vendredi soir au dimanche et comprennent de nombreuses attractions foraines sur la Place Clémenceau.
Le vendredi soir donc, une retraite aux flambeaux est suivie d'un feu d'artifice et d'un bal populaire.
Le
samedi c'est le "Mariage de la Rosière".
Le cortège est précédé par un groupe folklorique
en costume mothais comportant en particulier
cette coiffe bien spécifique de notre pays "Mothais"
de 1896. Partant de la "Maison des Rosières" où
l'élue du jour se voit passer autour du cou le médaillon de Charles-Benjamin
CHAMEAU, le cortège se rend à la Mairie pour le
mariage civil. Puis, au bras de M. le Maire, la Rosière se dirige
vers l'église au son d'une des deux Marches des Rosières jouées
par la fanfare municipale.
Après
la cérémonie religieuse, le cortège
retourne à la Maison des Rosières au balcon de laquelle après
lui avoir remis sa dot, M. le Maire présente
la mariée aux mothais et à tout le peuple rassemblé pour
la circonstance. Le "Rosier" rejoint alors sa "Rosière" sur le balcon
et échange avec elle en public son premier baiser d'époux. Le
soir se déroule un dîner dansant.
Le dimanche matin a lieu une course, pendant longtemps cycliste, actuellement pédestre. L'après-midi après la cavalcade rassemblant des chars de plusieurs communes du canton, se produit un spectacle folklorique sur le terre-plein de l'Orangerie, animé par des troupes venant parfois de fort loin puisqu'après des basques on a vu des mexicains, des roumains, des ukrainiens,... Le soir une représentation théâtrale se déroule au Foyer Rural.
La fête des Rosières est donc la grande fête locale qui attire la foule des visiteurs et replonge les mothais dans les racines de leur passé où les belles filles de La Mothe, ces "Arlésiennes de l'Ouest", étaient ramarquables dans leurs robes chamarrées, avec leur coiffes très particulières qui faisaient écrire jadis à Aguste GAUD :
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Avec sa coiffe
blanche aux frissonnantes ailes
Et son teint de brugnon vermeil et velouté La Mothaise est la fleur de grâce et de beauté Dont le brillant éclat fait pâlir les plus belles. |
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Trouver une fille qui se dévoue pour continuer la tradition devient un exploit. Par ailleurs avec la libéralisation des moeurs la tâche du bureau est moins le contrôle de la virginité que la recherche d'une volontaire. Oh ! Les critiques sur la vertu de certaines élues ne datent pas d'hier et déjà Jules RICHARD peut écrire que "tous les choix n'ont pas été heureux, et la malignité publique cite des élues qui n'étaient point dignes de porter la rose blanche et la couronne d'immortelles".
Au cours des dernières décennies les mentalités ont quelque peu évolué et si l'on veut assurer la pérennité d'une tradition vieille de 174 ans on doit s'accomoder avec cet état de fait. Nous avons la chance d'avoir une tradition vivante qui remobilise les mothais chaque année. Doit-on par excès de purisme effacer cette occasion de réanimer une fois par an un bourg qui en a bien besoin ?
Et puis, comme l'a écrit André PACHER :
Propos recueillis au Syndicat d'initiative de La Mothe-Saint-Héray - Tel : 05.49.05.19.19
